Nouvelle édition. 1995. 100 pages. Prix CHF 26,50 ISBN 2-88241-060-3, EAN 9782882410603
«Un crime en 1942» a été traduit en italien par Annalisa Izzo,
«Un delitto nel 1942». Novalles: revue Bloc Notes; 66; décembre 2016
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Si
l’attention réveille la mémoire, n’en va-t-il pas de même pour tel
deuil? Il y a les mots entendus, ceux prononcés, et plus encore les
attitudes, les retenues, les fleurs et les cloches. Reste avec nous,
en relatant le service funèbre d’Armand, avoue l’essentiel, balbutie ce
que chacun redoute et traverse. Chessex a heureusement retenu à la
suite de ce sobre récit un poème qui donne voix d’outre-tombe à une
femme: «Je suis morte, dit-elle. J’ai le temps. Je pense à nos étés, je
vous revois dans la poussière. Je retrouve les moissons, le sang et le
lait, les maladies: toute la fatigue de vous aimer. Pardonnez-moi. Même
au creux de cette cave profonde, je sais que je vous porterai
toujours.» À l’émotion de la séparation succèdent celles de l’enfance,
à Payerne en Romandie, que ce recueil célèbre également. Ville des
souvenirs et des portraits, mais aussi ville de la mémoire lourde d’un
crime nazi en 1942, lequel amena aux yeux de l’enfant d’alors la
«guerre dans Payerne». Si cette réédition de Reste avec nous s’est allégée des quelques pages de poèmes qui annonçaient le Portrait des Vaudois (1969), elle s’est enrichie d’un texte inédit, une sorte de testament, aux accents de l’Ecclésiaste, intitulé Les Chaumes d’août.
Un vieil homme, au soir de sa vie, relit son existence devant Dieu,
tente de rassembler devant Celui qui détient le temps les fragments
épars de son existence. Ainsi, remis sur le métier, Reste avec nous a gagné en unité et en pureté, comme s’il ne restait que l’essentiel des pages publiées il y a déjà trente ans.
SERGE MOLLA, Bulletin critique du Livre français
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