Pourquoi donc ce livre est-il à prendre dans la proche heure de vos lectures? Parce quon y voyage dans des trains de nuit? quon traverse la Nouvelle-Orléans ou Tokyo? Parce quon revit dans les années dune jeunesse fougueuse
? Pas nécessairement pour cela, bien sûr. Mais bien pour ce regard qui met de la vie sur toutes les minutes de son récit. De la vie qui surgit et qui bouillonne, de la vie sur toutes les minutes de son récit. De la vie qui passe et quon écoute, dans le temps imparti de sa chair.
Il y a du Cingria dans ce regard, il y a cette joie de mêler les temps et de les voir paraître dans linstant dune phrase
Dans ce récit qui est celui dune quête tendue vers la «Vraie Vie», dans ce livre qui se pose aussi en manière de bilan existentiel, résonne une écriture musicale. Comme dans les fugues où les thèmes semblent se fuir et se poursuivre les uns les autres, les sept parties de Par les temps qui courent emportent les airs dun passé. Cette méditation se concentre en sa cinquième partie sur la mort du père. Des pages intenses et sobres, accordées, qui donnent sens au mouvement de lensemble. Le temps sefface et cest la vie quon tient, serrée dans sa mémoire.
JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, La Liberté
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