Mais pourquoi donc ce Puzzle amoureux,
le nouveau livre de Gilbert Salem, est-il une merveille? Parce qu’il y
a de l’infini qui court dans les portées musicales de ces pages. Que
tout y étincelle. Que les temps et les lieux se mêlent, éclatants. Et
que la phrase de ce récit vous envoûte, comme dans un conte qui va
jusqu’à ce «crépuscule de brume bariolé de fauve et d’argent», celui
qui maintenant «allume les forêts». Parce que, dans ce puzzle, l’être
se découvre, lui-même et par les autres, ceux et celles qu’il dit ici,
amis renommés ou lointains, dans le plus clair de la tendresse et de
l’amour. Avec qui pareillement viennent les compagnons félins. Et bien
d’autres mondes ici rassemblés. Comme dans un paradis. Ou presque.
JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, Coopération
Qu’est-ce qu’un puzzle? Un jeu qui consiste à reconstituer, à partir
des pièces dont on dispose, une réalité autre, complète et entière. Une
plénitude. Ces pièces, elles sont réparties tout autour de nous. Mais
qui sait les voir, les reconnaître? À moins d’un regard d’amour, elles
nous échapperont toujours. Voilà sans doute l’enjeu, essentiel, du Puzzle amoureux, de Gilbert Salem.
Ces pièces, il les décèle dans les prunelles de cet ami «pailletées par
l’inquiétude qui l’assombrit». Ou dans la compagnie du chat aimé, qui
«finit par envoûter en nous une part secrète de notre âme, par la
magnifier». Ou encore dans les anfractuosités de la paume d’une main.
Toutes choses menues et imperceptibles à tout autre regard que le sien.
C’est que Salem, que certains croient encore journaliste (et c’est vrai
qu’il l’est aussi), est avant tout poète et écrivain. C’est-à-dire
touché par une grâce.
JEAN-FRANÇOIS DUVAL, Construire
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