J’ai
pris beaucoup de plaisir à découvrir chez ce nouveau venu de
l’intelligence, le sens de l’autodérision, cette ironie que les
Français baptisent improprement humour, le goût de la modernité, et les
justes caractères – géographie et sociologie – de ce «bassin lémanique»
où fermente depuis longtemps la (bonne) littérature… …Autre
réussite: le contrepoint, inattendu, Perse-Léman, les constants voyages
de la songerie entre l’Iran de l’enfant et la Suisse romande de
l’adulte, entre les prairies vaudoises et le désert gris, entre les
eaux huileuses, méphitiques, du Tigre et de l’Euphrate, et l’ordre
inodore du Rhône et du lac. Tout cela sur fond de révolution islamiste
et de guerre du Golfe. Il y a dans ce premier roman de quoi en écrire
trois ou quatre – tant mieux! – et une qualité aiguë et triste du
regard.
FRANÇOIS NOURISSIER, Le Figaro Magazine
Le Miel du lac
allie avec beaucoup de talent l’art du suspense aux couleurs
dürrenmattiennes à l’exubérance retenue propre aux personnages d’Albert
Cohen. Servi par une verve dont chaque mot signifie l’attachement à sa
langue d’adoption, foisonnant, pétri d’un humour dissimulant à peine
les obsessions profondes, il apparaît en fin de compte comme un choc:
celui de deux cultures. Celle, orientale, de Gilbert Kazbeck, le suit
partout. Comme la lune, qu’il chasse et qui revient si souvent dans le
roman. En laquelle se reflète le visage du héros (qui en devient beau)…
SERGE BIMPAGE, Tribune de Genève
|