Il
y a décidément des écrivains qui ont la grâce. D’autres ont assez de
talent et de souffle pour réussir des œuvres fortes, certains même dans
des genres différents. Très peu ont ce pouvoir de vous enchanter, de
provoquer ce plaisir vif, léger, quasi miraculeux d’une continuelle
surprise qui vous emmène dans un monde neuf, fourmillant de
personnages, de lieux, d’événements fascinants. Une sorte de rêve qui
vous enlève, vous séduit, vous repose, et vous laisse à la dernière
page un profond sentiment de gratitude. Après Prendre d’aimer et Les Tourterelles du Caire, vastes romans de découvertes exotiques et historiques, voici que Gisèle Ansorge nous offre avec Le Jeu des nuages et de la pluie un recueil de douze contes qui sont de pures merveilles.
Ce qui fait leur charme? Avant même l’usage des pierres précieuses,
dont les pouvoirs magiques occasionnent maint renversement de
situation, la projection de chaque conte dans un ailleurs mythique et
cependant rempli de réminiscences orientales, confère au recueil une
unité de contexte d’autant plus efficace qu’on s’y retrouve comme dans
le paradis perdu de l’enfance… …L’écriture
ajoute encore au bonheur. Une langue parfaite, souple, imagée laisse sa
place à la fantaisie imprévisible, fait parler les personnages dans
leur style propre, sait jouer sans le moindre faux pas sur les clichés
et les allusions. Un parfum subtil d’ironie flotte en permanence sur
ces pages, mais d’une ironie aimable, suivant d’un œil plus amusé que
caustique les aventures des personnages…
JACQUES-ÉTIENNE BOVARD, Le Nouveau Quotidien
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