À
mi-chemin entre Gustave Roud, qui fut son maître et ami, et Francis
Ponge, avec qui il prend parti pour le réel, l’on recontre Jacques
Chessex et ces textes poétiques célébrant la nature des espèces qui lui
sont chères. Les textes qui composent ce recueil invitent le lecteur à
discerner la beauté des lieux auxquels on s’habitue et que l’on finit
par ne plus voir. Seul le poète peut enseigner à nouveau à «cueillir
une pomme», révéler aux yeux éblouis le «jaune du colza», analyser avec
une extrême finesse la couleur du «brouillard d’automne»: «lumière
d’ambre, à la fin de la nuit, de plus en plus pâle au lever très lent
du jour, lumière de lait, puis de blanc d’œuf battu dans un bol blanc,
puis glaireuse, puis complètement vidée d’elle-même». C’est ainsi que
le sentier, la route, le champ ne sont plus traversés, transpercés par
le regard, mais regardés, gradés deux fois, moins pour connaître ce qui
est vu que pour naître avec la colline, fumer avec le champ, s’envoler
avec les corneilles, frôler furtivement,… devenir voyant avec le poète.
SERGE MOLLA, Bulletin critique du Livre français
C’est
à une lente promenade méditative que nous convie Jacques Chessex. Rien
n’échappe à son observation incessante et précise, il est pour nous
tour à tour coloriste et botaniste; il conjugue l’esparcette, la
scabieuse, le mélilot ou la quintefeuille; mais reste toujours poète et
écrivain, lui qui refuse d’établir une distinction entre «prose-chair»
et la «poésie-esprit».
GHISLAINE BOUCHER, Vevey Hebdo
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