Avez-vous déjà giflé un rat? est la féroce réponse de l’écrivain à ceux qui l’ont attaqué. …Un
pamphlet? L’amateur du genre est cette fois servi. Il s’agit bien là,
comme le souhaite Charles-Édouard Racine, d’un texte «violent,
passionné, sauvage». Il s’agit vraiment d’un «petit écrit en prose,
polémique, violent et agressif, étroitement lié à l’actualité». Et «qui
cherche à combattre et détruire une idéologie». Celle qu’ici combat
Chessex: celle qui voudrait réduire et enfermer. Celle qui voudrait
museler. Celle qui édicte et qui méprise. Celle qui banalise jusqu’au
nom: jusqu’à «la mafia». Au-delà de la polémique qui le dynamise et des
personnes qu’il dénonce, ce pamphlet est un manifeste pour l’écriture.
Pour ne pas conclure, dit-il en ses dernières pages, «on voudra se
rappeler que l’écriture est difficile, qu’elle surgit obscurément au
fond de l’être, souvent douloureuse elle-même d’avoir à traverser tant
de strates pour arriver au jour précaire, ou s’éclairer soudain, par
endroits s’illuminant à mesure que la joie filtre de la trame sombre où
se contenait la voix. C’est comme passer une vallée. Il y a la nuit, la
faille étroite, l’effort dans trop d’opaque, tout à coup vient la
lumière avec cette pure musique du chant, retrouvé peut-être où la
phrase allait.» Et où l’écrivain librement se risque et s’engage.
JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, La Liberté
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