NICOLAS VERDAN

CHROMOSOME 68

Roman
2008. 150 pages. Épuisé.

ISBN 978-2-88241-210-2, EAN 9782882412102


Biographie

Vous pouvez nous commander directement cet ouvrage par courriel.


Chromosome 68, c’est l’histoire de la génération « d’après Mai 68 ». Laura, urgentiste, soigne Bruno, un manifestant blessé lors des émeutes du Sommet de Gênes.
Elle se lie peu à peu à lui, et découvre alors l’importance de son propre père, militant proche des Brigade Rouges, qui les a quittées, elle et sa mère, pour militer dans la clandestinité et qui a fini sa vie en prison.
Ici, c’est une autre voix que celle de la « Génération 68 » qui s’exprime. La voix d’un représentant de la génération suivante, presque d’un autre monde.


— Oui, le 4 septembre 1968, à Milan. Mais tu ne peux pas comprendre ! Le train filait vers Paris et moi je revoyais papa s’en aller avec sa veste sur les épaules. Il le portait à la manière d’une cape, tu sais. Nous habitions Milan. J’avais neuf ans. Le jour où il est parti, il y avait du smog. Mais c’est sans importance. Il y a sans cesse du brouillard à Milan. Nous vivions dans ces grandes barres de briques rouges, au terminus du 6. Tu passes devant quand tu roules sur le périphérique nord, direction Bologne. Tu ne peux pas manquer ces immeubles. Aujourd’hui, on les reconnaît à leurs balcons où sont accrochés des drapeaux «Pace». Les jours d’été, on étouffait dans notre trois-pièces. Quand on respirait, c’était comme si on inhalait des millions de petites lames qui se collaient aux bronches.
» Papa est parti sur la pointe des pieds. Mama fumait en silence dans la cuisine. Elle avait ce regard froid que je détestais. Papa lui a dit «ciao», rien d’autre. Il semblait triste, soulagé aussi. Comme si un événement attendu s’était enfin produit. Il m’a prise dans ses bras et il a glissé une lettre dans la poche de ma jaquette: «Tiens, Laura. Ne l’ouvre pas maintenant. Tu la liras quand tu seras grande et tu comprendras.»
»Il m’a embrassée, il a ouvert la porte, l’a refermée comme si elle avait été en porcelaine. C’était un homme délicat, d’une douceur incroyable. J’ai entendu l’ascenseur qui descendait. Je me suis précipitée sur mon lit. De là, je voyais l’allée qui conduisait au parking.
— La lettre, tu l’as lue, bien sûr.


Haut de la page


Nicolas Verdan et le désarroi des orphelins de mai

Dans son deuxième roman, Chromosome 68, Nicolas Verdan évoque les illusions perdues des pères au regard de leurs enfants.

«Les jeunes, c’étaient eux. Nous, c’est la génération Goldorak, rien dans la tête. Nous sommes les enfants de mai», constate amèrement Bruno, protagoniste masculin de Chromosome 68, deuxième roman de Nicolas Verdan (rédacteur en chef de nos pages lausannoises), après la belle entrée en littérature que marqua, en 2005, Le Rendez-vous de Thessalonique (Prix Bibliomedia Suisse 2006).
Après cette première quête d’identité d’un trentenaire, c’est la même génération (la sienne, puisqu’il est né en 1971) que Nicolas Verdan confronté à celle des soixante-huitards par le truchement d’une jeune Laura, fille de terroriste italien, et d’un ami de passage, l’altermondialiste français Bruno qu’elle a soigné à Gênes (elle est urgentiste) dans la pagaille du G8.
Tous deux ont un point commun: l’absence du père. Celui de Laura a abandonné femme et fille en 1979 avant de rallier les Brigades rouges. Sans avoir lui-même du sang sur les mains, il a participé à l’action violente, et sa fille ne l’aura jamais revu qu’en cage, à la télévision. De son côté, Bruno n’a jamais connu son père, ignorant par ailleurs que sa mère, du genre idéaliste spiritualisante, couchotait avec un peu tout le monde avant de se retrouver enceinte. De cette absence, Bruno souffre plus que Laura, s’identifiant pourtant aux héros de Mai 68, contre ceux qui ont trahi leurs idéaux: «Bientôt quarante ans qu’ils sont aux commandes et ils ont encore le culot de se prétendre critiques envers le pouvoir…» Alors que Laura, qui l’a rejoint à Paris, se met en quête d’éventuels camarades de son père (l’un d’eux pourrait être Toni Negri), Bruno, qui de dit «média-activiste», fomente la prise d’otage d’un patron de presse (on pense à Serge July) passé, selon l’expression fameuse de Guy Hocquenghem, «du col Mao au Rotary», auquel il fera confesser sa trahison. Or, sachant que ce «procès» va se dérouler pile le 11 septembre, le lecteur pourrait se dire que ça fait beaucoup, voire «téléphoné», et c’est là, de fait, que le roman de Nicolas Verdan pèche un peu, dans le genre du téléfilm trop habilement scénarisé.
En dépit de ces limites et d’un premier dénouement peu crédible (la scène de la prise d’otage et de l’attentat du WTC sont par trop elliptiques), suivi d’une conclusion épistolaire plus convaincante, sous la plume d’une brigadiste pas vraiment repentie. Chromosome 68 est un vrai roman à multiples points de vue, où s’exprime clairement la révolte d’une génération aussi désorientée que dorlotée, vouée à de mornes fêtes, en panne de désirs et d’idéaux.
«Ce type s’empare d’images toutes faites pour meubler son propre vide existentiel», se dit l’otage de Bruno, et c’est alors la réussite de Chromosome 68 que de transporter le lecteur par-delà les clichés, du côté des nuances de la vie, loin des jugements stériles opposant classes ou générations. Et l’on espère que Bruno, demain, se lâchera la moindre et baisera comme au bon jeune temps, rejoignant une Laura qui a mieux compris, elle, que la vie de chacun ne se réduit pas à la loterie d’un millésime…

JEAN-LOUIS KUFFER, 24 Heures


Haut de la page


Chromosome 68, de Nicolas Verdan

Le quarantième anniversaire de mai 1968 a donné lieu à une nouvelle poussée de fièvre commémorative, parfois critique, souvent nostalgique, généralement confuse. Au milieu de ce concert cacophonique, on relève pourtant un livre publié en avril 2008 chez Bernard Campiche: Chromosome 68, deuxième roman de Nicolas Verdan. L’auteur ne fait pas partie de ceux qui firent voler les pavés par-dessus les barricades du Quartier latin puisqu’il naquit en 1971 à Vevey. Aujourd’hui responsable de la rubrique lausannoise du quotidien 24 Heures, ses origines l’ont placé au carrefour de deux cultures, l’une vaudoise et l’autre grecque, qu’il sut parfaitement exprimer en 2005 lorsqu’il publia son premier récit Le Rendez-vous de Thessalonique (La Nation No 1774). Même si le titre et la couverture – une farandole de hippies en pattes d’eph – pourraient laisser croire à un récit commémoratif de plus, Chromosome 68 est en réalité l’histoire de ceux qui vinrent après mai 1968, qui grandirent dans un monde aux repères bouleversés et qui, arrivés à l’âge adulte, peinent à trouver leur identité entre idéalisme et matérialisme.
À cet égard, les deux principaux personnages du roman sont emblématiques. Laura est médecin urgentiste à Gênes où elle voit chaque jour la misère du monde échouer dans le port de la ville où elle réside. Bruno est un altermondialiste parisien qui anime un site spécialisé dans la dénonciation de l’information manipulée par les grands groupes de presse. Tous deux ont en commun la quête du père absent. Celui de Laura a abandonné sa famille au plus fort des années de plomb pour rejoindre les Brigades rouges dans la clandestinité. Bruno, lui, n’a jamais connu le sien. Son enfance a été ballottée au gré du parcours chaotique d’une mère baba cool sans cesse à contre-courant. Blessé lors des émeutes du G8 en juillet 2001, Bruno a été soigné par Laura. Quelques semaines plus tard, celle-ci décide de le retrouver à Paris. De ce voyage, elle espère aussi une rencontre avec des brigadistes plus ou moins repentis qui l’éclaireraient sur les motivations de son père. De son côté, Bruno prépare un coup d’éclat – du moins le voit-il ainsi – en kidnappant un célèbre patron de presse, ancien soixante-huitard reconverti, afin de le forcer à avouer au grand jour la trahison de ses anciens idéaux (comment ne pas penser ici à Serge July?). Alors que Laura ne trouve que les faux-fuyants d’un ratiocineur libidineux, le soi-disant projet héroïque de Bruno se dégonfle brutalement lorsque le premier avion percute un gratte-ciel à New-York…
Chromosome 68 tente de jeter un pont entre deux générations qu’un abîme sépare: celle de mai 1968 dont les joyeuses utopies dérivèrent jusqu’au terrorisme et celle d’aujourd’hui qui semble si dépourvue d’enthousiasme. Le constat est sévère: pratiquement, ce pont n’existe pas et c’est l’incompréhension qui domine de part et d’autre. Ni l’écologie culpabilisante, ni l’altermondialisme brouillon ne parviennent à combler ce vide. La «Génération 68» a gravement failli, incapable de transmettre à ses enfants un idéal ou une espérance. À cet égard, l’écrivain et journaliste Nicolas Verdan sait de quoi il parle quand il évoque cette faillite (extrait d’une interview de l’auteur publiée sur le site culturactif.ch): « En revanche, dans le cadre scolaire et professionnel, je constate, avec le recul, combien je suis sensible à une forme de chaos qui me semble découler directement des expériences post-soixante-huitardes. J’ai souffert, par exemple, de cette troublante alternance de systèmes scolaires dans le canton de Vaud. Lorsque j’étais enfant, j’ai mal vécu l’enseignement de l’allemand dans la ‘Zone pilote’ (quelle folie quand je repense ne serait-ce qu’à ce terme!) de Vevey. Le système privilégiait un apprentissage intuitif qui ne me convenait pas. J’ai véritablement redécouvert cette belle langue lorsque j’ai rejoint un système plus traditionnel au gymnase. Et c’est un fait, la méthode en question était un héritage direct de remise en cause du système d’enseignement. Même chose avec cette foutue grammaire neuchâteloise, qui compliquait l’apprentissage du français, le rendant sec et coupé de ses racines. Je me souviens aussi que les livres étaient choses rares à l’école. Les polycopiés, confus, en histoire, par exemple, remplaçaient des ouvrages jugés suspects. Merci à la littérature, découverte en dehors du système, qui m’a sauvé d’un désastre!»
Et il est très heureux qu’il en soit ainsi car Nicolas Verdan témoigne de qualités littéraires indéniables, fort bien servies par une écriture sensible et colorée. Certes, Chromosome 68 pèche quelque peu par la théâtralisation excessive de son dénouement qui nuit à la vraisemblance de l’intrigue et l’empêche de tirer tout le parti possible de la subtilité de ses personnages. Ce beau roman offre néanmoins un regard original et lucide sur mai 1968 et ses conséquences. Sans prendre parti ni défendre une cause, il permet au lecteur d’approcher des personnages attachants et de les suivre dans leurs démarches personnelles et dans la recherche parfois hésitante de leur identité. Nicolas Verdan semble avoir trouvé la sienne, celle d’un écrivain prometteur, ouvert aux réalités de l’Orient et de l’Occident, aux vents de la Méditerranée comme à ceux du Léman.

VINCENT HORT, La Nation


Haut de la page


La pipe est une «bouffarde», mais la «TV» et le «blog» bien présents, tout comme les anglicismes et marques déposées. Étrange raideur d’une écriture hachée, sèche, comme le procès-verbal du sujet pourtant passionnant qu’elle est censée servir. Le destin d’une génération d’après 68 qui se retrouve, en partie, lors des protestations et des émeutes contre le sommet du G8 de Gênes en 2001. Outre la forme, un fond qui vaut le détour: une génération déçue y parle beaucoup, mais est très vite découragée et fatiguée…

JACQUES STERCHI, La Liberté


Haut de la page


Enfants d’après 1968

À Gênes, les manifestations anti-G8 ont dégénéré. Blessé, Bruno est soigné par Laura. Première rencontre, suivie de retrouvailles via Internet. Elle le rejoint à Paris. Le Français milite dans des groupes altermondialistes, l’Italienne découvre peu à peu l’histoire de son père, proche des Brigades rouges, il a quitté sa famille pour ce combat.
À travers ces deux trajectoires, Chromosome 68 dresse un portrait de la génération post-soixante-huitarde. C’est dans la description de ce désenchantement que le deuxième roman du Vaudois Nicolas Verdan, après Rendez-vous à Thessalonique, sonne le plus juste. En revanche, certains épisodes (comme la prise en otage d’un patron de presse ex-soixante-huitard) paraissent cousus d’un fil un peu trop blanc. Une impression heureusement atténuée par la lettre finale, magnifique.

ÉRIC BULLIARD, La Gruyère


Haut de la page


Bien évidemment Verdan s’interroge sur mai 68, les Brigades rouges, les forces révolutionnaires de ces années de lutte, mais il poursuit l’histoire et regarde les générations suivantes se dépêtrer avec les aléas de l’existence, avec les contraintes sociales, politiques et économiques. Où se trouvent chez elles les stigmates de la résistance, où est la force de l’homme à ne pas plier devant l’oppression, les nouvelles formes de soumissions humaines? Générations perdues? Un autre monde?… Pas si sûr, elles auront à inventer leurs actions, à savoir se saisir de l’héritage de leurs parents. Laura, Bruno, les émeutes au sommet du G8 à Gênes en 2001 et ensuite. Interrogation romantique, écriture fluide et rageuse, Verdan nous immerge dans les voies de la liberté.

La Premère page


Haut de la page


L’art-évolution

Bruno vit à Paris. Il veut faire payer les embourgeoisés qui, en 68, ont lancé tant de pavés. Laura, une urgentiste rencontrée lors d’une manifestation durant laquelle il est blessé, le rejoint pour un périple quasi initiatique. Elle tente de comprendre les choix de son propre père, ancien des Brigades rouges, et se heurte à la passion de Bruno. S’imposent alors l’évidence d’un engagement différent et une alternative salutaire à la révolte aveugle. Le tout ficelé dans une intrigue passionnante.

ZOHRA KARMASS, Edelweiss


Haut de la page


Le quarantième anniversaire de mai 1968 a donné lieu à une nouvelle poussée de fièvre commémorative, parfois critique, souvent nostalgique, généralement confuse. Au milieu de ce concert cacophonique, on relève pourtant un livre publié en avril 2008 chez Bernard Campiche: Chromosome 68, deuxième roman de Nicolas Verdan. L’auteur ne fait pas partie de ceux qui firent voler les pavés par-dessus les barricades du Quartier latin puisqu’il naquit en 1971 à Vevey. Aujourd’hui responsable de la rubrique lausannoise du quotidien 24 Heures, ses origines l’ont placé au carrefour de deux cultures, l’une vaudoise et l’autre grecque, qu’il sut parfaitement exprimer en 2005 lorsqu’il publia son premier récit Le Rendez-vous de Thessalonique (La Nation No 1774). Même si le titre et la couverture – une farandole de hippies en pattes d’eph – pourraient laisser croire à un récit commémoratif de plus, Chromosome 68 est en réalité l’histoire de ceux qui vinrent après mai 1968, qui grandirent dans un monde aux repères bouleversés et qui, arrivés à l’âge adulte, peinent à trouver leur identité entre idéalisme et matérialisme.
À cet égard, les deux principaux personnages du roman sont emblématiques. Laura est médecin urgentiste à Gênes où elle voit chaque jour la misère du monde échouer dans le port de la ville où elle réside. Bruno est un altermondialiste parisien qui anime un site spécialisé dans la dénonciation de l’information manipulée par les grands groupes de presse. Tous deux ont en commun la quête du père absent. Celui de Laura a abandonné sa famille au plus fort des années de plomb pour rejoindre les Brigades rouges dans la clandestinité. Bruno, lui, n’a jamais connu le sien. Son enfance a été ballottée au gré du parcours chaotique d’une mère baba cool sans cesse à contre-courant. Blessé lors des émeutes du G8 en juillet 2001, Bruno a été soigné par Laura. Quelques semaines plus tard, celle-ci décide de le retrouver à Paris. De ce voyage, elle espère aussi une rencontre avec des brigadistes plus ou moins repentis qui l’éclaireraient sur les motivations de son père. De son côté, Bruno prépare un coup d’éclat – du moins le voit-il ainsi – en kidnappant un célèbre patron de presse, ancien soixante-huitard reconverti, afin de le forcer à avouer au grand jour la trahison de ses anciens idéaux (comment ne pas penser ici à Serge July?). Alors que Laura ne trouve que les faux-fuyants d’un ratiocineur libidineux, le soi-disant projet héroïque de Bruno se dégonfle brutalement lorsque le premier avion percute un gratte-ciel à New-York…
Chromosome 68 tente de jeter un pont entre deux générations qu’un abîme sépare: celle de mai 1968 dont les joyeuses utopies dérivèrent jusqu’au terrorisme et celle d’aujourd’hui qui semble si dépourvue d’enthousiasme. Le constat est sévère: pratiquement, ce pont n’existe pas et c’est l’incompréhension qui domine de part et d’autre. Ni l’écologie culpabilisante, ni l’altermondialisme brouillon ne parviennent à combler ce vide. La «Génération 68» a gravement failli, incapable de transmettre à ses enfants un idéal ou une espérance. À cet égard, l’écrivain et journaliste Nicolas Verdan sait de quoi il parle quand il évoque cette faillite (extrait d’une interview de l’auteur publiée sur le site culturactif.ch): « En revanche, dans le cadre scolaire et professionnel, je constate, avec le recul, combien je suis sensible à une forme de chaos qui me semble découler directement des expériences post-soixante-huitardes. J’ai souffert, par exemple, de cette troublante alternance de systèmes scolaires dans le canton de Vaud. Lorsque j’étais enfant, j’ai mal vécu l’enseignement de l’allemand dans la ‘Zone pilote’ (quelle folie quand je repense ne serait-ce qu’à ce terme!) de Vevey. Le système privilégiait un apprentissage intuitif qui ne me convenait pas. J’ai véritablement redécouvert cette belle langue lorsque j’ai rejoint un système plus traditionnel au gymnase. Et c’est un fait, la méthode en question était un héritage direct de remise en cause du système d’enseignement. Même chose avec cette foutue grammaire neuchâteloise, qui compliquait l’apprentissage du français, le rendant sec et coupé de ses racines. Je me souviens aussi que les livres étaient choses rares à l’école. Les polycopiés, confus, en histoire, par exemple, remplaçaient des ouvrages jugés suspects. Merci à la littérature, découverte en dehors du système, qui m’a sauvé d’un désastre!»
Et il est très heureux qu’il en soit ainsi car Nicolas Verdan témoigne de qualités littéraires indéniables, fort bien servies par une écriture sensible et colorée. Certes, Chromosome 68 pèche quelque peu par la théâtralisation excessive de son dénouement qui nuit à la vraisemblance de l’intrigue et l’empêche de tirer tout le parti possible de la subtilité de ses personnages. Ce beau roman offre néanmoins un regard original et lucide sur mai 1968 et ses conséquences. Sans prendre parti ni défendre une cause, il permet au lecteur d’approcher des personnages attachants et de les suivre dans leurs démarches personnelles et dans la recherche parfois hésitante de leur identité. Nicolas Verdan semble avoir trouvé la sienne, celle d’un écrivain prometteur, ouvert aux réalités de l’Orient et de l’Occident, aux vents de la Méditerranée comme à ceux du Léman.

VINCENT HORT, La Nation


Haut de la page


L’esprit rebelle se transmet-il de père en fils? Oui si l’on en croit l’écrivain veveysan Nicolas Verdan qui dans «Chromosome 68» (Editions Campiche) romance trente ans de lutte contre l’ordre établi. De Mai 68 à nos jours.
Injustices, fulgurances du mal, crimes, indifférence, lâcheté, solitude ... Le temps passe mais les douleurs du monde ne changent pas. Les fils et filles des jeunes gens de Mai 68 et des années 1970 qui réclamaient un avenir, se cramponnent eux, à la société dont ils ont hérité, prêts à toutes les folies.
Il faut croire que dans la lutte contre l’ordre établi, il y a une filiation. L’histoire des révolutions est une affaire de famille que l’on se passe dans les gènes, semble dire Nicolas Verdan dans «Chromosome 68».
C’est d’ailleurs à Gênes (faut-il y voir un jeu de mots?) que commence le dernier roman de l’écrivain veveysan.
Gênes, donc, 20 juillet 2001. Le G8 y a fait les ravages que l’on connaît avec la mort de Carlo Giuliani, un altermondialiste tué par un carabinier lors des manifestations contre les grands de ce monde réunis alors dans la ville italienne.
L’événement prit, à l’époque, la tournure d’une tragédie tout aussi universelle que celle qui achève le roman de Verdan: l’attaque terroriste contre les tours jumelles à New-York.
30 ans d’histoire
C’est donc entre le 20 juillet 2001 et le 11 septembre 2001 que se situe l’action du roman. A peine deux mois pour dire les changements majeurs opérés dans le monde. Pour placer aussi 30 ans d’histoire révolutionnaire et de combat contre l’impérialisme, la bourgeoisie, les inégalités sociales. Combat commencé en France avec Mai 68, et qui prit un autre visage dans les années 70 en Italie.
Années de plomb qui virent passer le Brigades rouges et leur noria d’actes terroristes. Un de leurs militants, un certain Francesco Malaparte (identité romancée) est de fait au centre de «Chromosome 68». C’est lui le héros (absent) du roman de Verdan, père hier traqué par les autorités italiennes, aujourd’hui par sa propre fille, Laura, qui veut découvrir la vraie face de son géniteur parti sans explications.
Laura est médecin urgentiste dans un hôpital à Gênes. Le soir du 20 juillet elle est donc appelée à soigner Bruno, un altermondialiste français, blessé lors des manifestations. Elle se lie d’amitié avec ce Bruno, quelque peu paumé, qui lui aussi est à la recherche de son père, un émeutier de Mai 68.
«Des projets foireux»
Mais Bruno a aussi d’autres projets en tête. «Des projets foireux» comme le lui reproche Laura: il veut faire payer aux ex-soixante-huitards leur lâcheté, leur démission devant un monde qu’ils entendaient réformer et qu’ils ont laissé en état de friche à leurs enfants.
Que faire de cet héritage encombrant? L’accepter tel qu’il est? Forcément semble répondre Nicolas Verdan pour qui tout désir de changer le monde apparaît comme une illusion. «Il n’y a point d’autre révolution que celle de l’individu isolé dans sa transformation chimique», écrit-il.
Les révolutionnaires assoiffés de justice finissent par devenir bourreaux. C’est comme ça depuis la nuit des temps. On le sait. Nicolas Verdan le sait aussi qui renvoie dos à dos les Brigades rouges et les criminels du 11 septembre 2001.
L’auteur ne condamne ni les uns ni les autres. Il constate tout simplement qu’en 30 ans rien n’a changé sous le ciel du terrorisme. Ou plutôt si: le terrorisme est passé dans le langage de ceux-là mêmes qui le condamnent. Silvio Berlusconi à sa police après la mort de Carlo Giuliani: «Bon travail».
C’est véridique, et c’est à la p.21 du roman de Verdan.
Bon travail Verdan!

GHANIA ADAMO, Swissinfo


Haut de la page


Laura, médecin urgentiste, soigne Bruno, blessé lors des manifestations du G8 de Gênes.

Ils font tous deux parties de la génération d’après 68 qui, consciente de l’importance des événements de mai 68, essaie de comprendre comment ils ont pu dégénérer ensuite, comment ses contestataires sont devenus des patrons d’industrie prônant l’autoritarisme que leur génération avait rejeté, avec le refus des lois et des obligations.
Laura cherche à comprendre pourquoi son père a pu les abandonner, sa mère et elle, pour rejoindre les brigades rouges et finir ses jours en prison.
Mais plus qu’une autre génération, c’est un autre monde que celui des enfants d’après 68, sacrifiés sur l’autel de beaucoup d’utopies sans lendemain dans lesquelles même les acteurs de l’époque ne se reconnaissent plus.

JULIETTE DAVID, Suisse magazine


Haut de la page


À propos, je vous recommande la lecture de Chromosome 68, roman de Nicolas Verdan qui s’interroge sur Mai 68, les Brigades Rouges, les événements du 11.09.01 et se demande comment résister à ceux qui nous oppriment. Passionnant.

HUGUETTE JUNOD, Le Confédéré


Vous pouvez nous commander directement cet ouvrage par courriel.


Haut de la page