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Liberté à l’Aube
est un événement pour les lettres romandes du dernier demi-siècle:
c’est un ouvrage écrit et publié comme une participation à la lutte du
Jura pour son indépendance. Depuis la guerre, on n’avait pas vu
paraître dans la littérature française de texte qui fût à ce point
engagé dans un mouvement politique de résistance, et on ne l’avait
jamais vu en Suisse.
En 1965, l’Anthologie jurassienne
donne à Alexandre Voisard une place éminente: «sa poésie, y écrit
Jean-Pierre Monnier, fait entendre aujourd’hui, dans nos lettres, une
voix pleine, immédiate, une voix chargée de significations durables, un
chant inespéré». Peu de temps après, un nouveau recueil confirme cet
enthousiasme, Les Deux Versants de la solitude, qui inaugure la série des livres publiés par Bertil Galland.
ANDRÉ WYSS, directeur de la publication
«Je rêve d'un monde juste»
Alexandre
Voisard, 75 ans, poète et citoyen engagé, dans le bilan d'un siècle
plein d'espérances et d'inquiétudes. Rencontre dans le Jura.
Savez-vous
que vous avez ce matin rendez-vous avec Alexandre Voisard? Mais qui
donc? Le Voisard poète qui s'engageait pour la cause jurassienne et qui
disait haut «La liberté à l'aube»? Qui? Ce Voisard qui travaillait à la
Poste? Celui qui a été libraire? Celui qui fut comédien? Celui qui a
fait de la politique, député et délégué aux Affaires culturelles? Ou ce
Voisard qui fut vice-président de Pro Helvetia? Qui donc? Mais tous
ces qui n'en sont qu'un seul: arrêtez-vous, c'est ici, maintenant,
qu'il habite. Là, nous venons de passer la frontière française, mais le
Jura suisse est à deux coups d'aile. C'est ici, rue de la Vendeline, à
Courtelevant. Là où Alexandre Voisard vit, écrit et où il vient de
fêter ses septante-cinq ans. Et où il va, dit-il, «le mieux possible
étant donné mon âge et mes antécédents, en tout état de cause je suis
mobile, lucide, et quoi d'autre...»
Mais comment, Alexandre Voisard, vous sentez-vous dans ce monde
d'aujourd'hui? «En réalité j'essaie de faire bonne figure, mais je ne
suis pas très heureux de l'état du monde. Parce que je fais partie
d'une génération qui pensait pouvoir agir efficacement sur la société,
l'améliorer, et qui s'est fait blouser: toutes nos belles espérances se
sont écroulées...
»J'entends la génération qui a suivi se plaindre de l'état dans lequel
ma génération a laissé ce monde. Visiblement les hommes sont plus
malheureux qu'avant, plus pauvres, certains se sont remplis les poches,
c'est vrai, mais ils sont très minoritaires et veillent à le rester. »Mais
pour les autres, il y a une paupérisation qui n'est pas seulement
matérielle, il y a une désespérance grave. Et moi, je ne peux pas me
dire tant pis, j'ai tiré mon épingle du jeu, ce n'est pas possible. Je
ne me plains pas de mon sort, mais je vois que le sort des hommes a
empiré, alors qu'on avait tout pour qu'il s'améliore.» On était
parti sur une orbite qui permettait de rêver tout haut que des biens
matériels finiraient par atteindre les plus pauvres et qu'on ne
pourrait chanter que l'espérance, mais ne pas nous plaindre dans des
élégies de l'état de déréliction du monde tel qu'on doit bien le
constater aujourd'hui.»
Et le Jura, Alexandre Voisard, cet espoir du Jura que vous avez
participé à rendre indépendant... «Je pense qu'il y a trente ans on
avait pour le Jura des espérances au diapason de cette grande espérance
de société.»
C'est-à-dire qu'on s'engageait sans retour dans une société d'abondance
qui nous a fait défaut brutalement. Et je dirais que l'aventure
jurassienne a coïncidé avec ces soubressauts de l'Histoire: le rêve qui
avait été nourri était dans le bouillonnement de cette espérance qui a
suivi Mai 68.
»Or quand l'état du monde s'est aggravé, le Jura a dû se construire
dans des circonstances sociales, économiques difficiles.
»On peut dire très objectivement aujourd'hui que le rêve ne s'est pas complètement réalisé.»
Mais il n'empêche, je crois, que les Jurassiens ne regrettent pas
d'avoir fait ce pas-là, qu'il était important et qu'en soi, en germe,
il porte encore des espérances ne serait-ce que celle de réunir le pays
historique. Mais au-delà, à travers cette idée, comme le rêve originel,
celui d'une société meilleure qui commençait par mettre de l'ordre dans
son ménage, pour arriver à maîtriser son propre destin qui est au bout
de l'idée d'indépendance.»
De quel monde rêvez-vous pour vos dix petits-enfants? «D'un monde tel
qu'on l'avait rêvé à trente ans: un monde de justice et de progrès.
Mais un progrès intellectuel et moral qui accompagne le progrès
matériel. Ce rêve qui nous a un peu déçu. »J'aimerais disparaître avec
l'espoir qu'il sera porté, incarné et réalisé par mes petits-enfants.»
Un poète, aujourd'hui, à quoi sert-il? «Je crois que le seul rôle qu'il
peut décemment jouer, c'est d'interpeller. Le poète est un
interpellateur, il pose les questions, il les reformule.»
Je crois que pour bien comprendre une question, si on veut tenter une
réponse à la question, il faut la reformuler interminablement, d'une
autre manière.
»Le progrès au bout du compte serait de savoir reformuler régulièrement
toutes les questions fondamentales, de la vie humaine, de la présence
de l'homme dans le monde, sur notre planète et bientôt au-delà, afin de
trouver un sens à tout cela...»
Parce que ce qui manque le plus aujourd'hui, c'est l'acceptation d'un sens. C'est ce qui fait défaut le plus.»
JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, Coopération
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Poésie I et II
Voici
venir à nous les deux premiers volumes de l’édition intégrale des
œuvres d’Alexandre Voisard. La période concernée va de 1954 à 1978.
C’est ici la voix du poète qui s’exprime et qui chante le riche univers
qui l’habite, les relations qu’il noue avec les êtres et les bêtes, la
nature et ses mille sortilèges, le pays jurassien. Et le lecteur se
sent comblé de trouver rassemblés tant de titres qui firent son
bonheur: Écrits sur un mur, Chronique du guet, Liberté à l’aube et bien d’autres recueils. L’introduction et la présentation sont signées André Wyss. La suite est attendue avec impatience.
Jura Pluriel
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Alexandre
Voisard, poète autrefois engagé. Dans quoi, déjà? L’autonomie du Jura
suisse, «mon pays allongé sur l’ardoise des siècles». On se demande
avec condescendance si cela fait de la poésie ou de la bouillie
idéologique, et l’on a honte de son ignorance. C’est une œuvre
importante, lyrique, où se trouve le beau Liberté à l’aube,
paru en 1967 et repris dans le deuxième tome de cette très opportune
édition intégrale en format poche. En quatre volumes, l’intégrale
poétique de Voisard révèle un grand écrivain, un vrai enraciné,
autrement dit un authentique universel. Il faut absolument lire
l’ensemble.
JEAN-PIERRE DENIS, La Vie
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