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L’archipel Korol
Ce
mystère de l’écriture théâtrale, vraiment théâtrale, qui fait que
l’encre vibre sur le papier, parce que la parole ne rêve que d’une
chose: s’envoler de la page pour remplir la scène.
KilomBo, Salida, CarGo 7906, Liwyatan, TsimTsoum:
on pourrait croire qu’il s’agit d’une formule magique, d’une comptine
pour enfants, d’une suite kabbalistique ou encore, à la rigueur, du
quinté gagnant d’une course hippique inconnue de la majorité des
turfistes. D’ailleurs qui oserait jurer, croix de bois, croix de fer,
que cette suite de syllabes ne cache pas un soupçon de tout cela? Et
d’autres choses encore? Un brusque retour à la raison nous impose
toutefois de dire que ce sont d’abord les titres des cinq pièces
rassemblées dans ce volume. Chez les artistes, les titres sont toujours
à prendre au sérieux. Surtout s’ils résistent à une lecture univoque.
Par conséquent, un ensemble de titres aussi. Ainsi, chez Sandra Korol,
s’affirme d’emblée une marque singulière: les sonorités sont étranges,
avec une pincée d’exotisme, les termes échappent au banal et quelques
fantaisies, à commencer par les lettres capitales saisies dans la masse
des mots, témoignent d’une volonté de différence. Ou d’une différence
tout court, revendiquée, pied de nez qu’un lutin facétieux adresserait
à la populace des idées toutes faites.
Comme jetée par
le hasard, ou peu importe comment désigner ces événements, l’enveloppe
charnelle de Sandra Korol est apparue en Suisse romande, à cheval entre
deux siècles, le regard résolument tourné vers le XXIe. Ses origines
sont cosmopolites, mais ses vraies racines sont aériennes.
Si elles ont chacune leur voix propre, ces pièces sont liées entre
elles par des parentés secrètes. Les situations, les colorations, les
espaces, les tonalités, les thématiques, parfois l’écriture même les
distinguent, mais un certain souffle nourri d’imaginaire et de
fantaisie, un humour très particulier, le soin accordé à la bien
facture de l’ouvrage – à l’instar de l’artisan qui porte très haut
l’idée de son métier –, la capacité de métamorphoser le réel ou encore
le reflet de préoccupations inhérentes à notre époque sont autant de
caractéristiques qui font de ces textes non pas des éléments épars,
mais bien le premier élan d’une jeune auteure, son geste inaugural en
quelque sorte, tracé avec netteté.
La scène comme boîte à outils, comme boîte de musique, comme boîte à
malice, comme boîte aux lettres, comme boîte de vitesses, comme boîte
crânienne.
Deux femmes recluses dans un univers souterrain, dont le travail est de
manger les ordures déversées par le monde d’en haut : c’est le
théâtre «absurde» de KilomBo.
La situation est développée à coups de dialogues inventifs. Pour les
deux personnages, le rêve du grand amour plane comme une chauve-souris
dans un horizon sans ciel. La richesse de la relation entre ces deux
êtres, un humour corrosif et parfois féroce épicent la pièce.
Salida est
d’une toute autre nature. Il s’agit d’un poème où le tango est
roi : quasi une proposition de théâtre dansé. Comme dans tous les
textes de Sandra Korol, il y a là une part romanesque, qui en
l’occurrence évoque tour à tour Jorge Luis Borges, Alvaro Muttis ou
encore Hugo Pratt. La mélancolie étend ses ailes, les personnages sont
pittoresques, la langue triturée avec jubilation, alors que pulsent
sourdement des énergies de vie, d’amour et de mort. Dehors, la pluie
déchire la nuit à flots continus, empêchant toute sortie: ce sont aussi
les larmes de l’adieu au père, sur fond du bandonéon de ses origines
argentines.
Écrit pour Darius Kehtari, le monologue à voix multiples CarGo 7906
reprend des éléments de l’existence et de la personnalité de l’acteur.
Mais rien ici, n’est au premier degré. Rien ne reste à fleur
d’apparence. C’est une quête des origines, de l’origine, une plongée
dans les ombres et les lumières de l’exil. On y sent le souffle brûlant
de la différence, qui peut prendre le visage du clown, mais d’un clown
qui serait céleste.
Pour faire face au destin, l’homme
met un nez rouge. À moins que ce soit le destin qui mette un nez rouge
pour s’occuper de l’homme. Mais de toute façon, nez rouge il y a.
L’écriture très travaillée. Le goût des mots. Le sens du rythme. Le
souci de la construction. Tous ces éléments font de ces textes non pas
seulement des matériaux pour les metteurs en scène et les acteurs, mais
d’authentiques partitions.
Un auteur de théâtre fait naître des personnages, une foule de
personnages parfois, surtout s’il privilégie la création par rapport à
ce que l’on nomme «l’autofiction». Le peuple né sous la plume de Sandra
Korol est composé de figures hautes en couleurs, au langage coloré, aux
blessures parfois tenaces. Ils sont un peu baroques, un peu
romantiques, un peu déjantés, un peu invraisemblables, mais toujours
profondément humains.
Souvent ils sont privés de liberté de mouvement: bloqués dans un monde souterrain comme Gorda et Nena (KiLombo), retenus par les fortes précipitations qui rendent la route impraticable (Salida) ou encore cloués sur une île improbable (Lywiatan).
Dans cette dernière pièce, ils sont prisonniers de la mer, dans ce qui
pourrait être le Paradis perdus (l’élevage de lamantins y fut
prospère), à moins que ce ne soit l’Enfer retrouvé, sous l’obscure
menace de monstres qui ont fait des profondeurs leur royaume. Mais les
limites qui entravent la liberté des corps semblent favoriser celle des
esprits. L’onirisme et le fantasme sont des réponses aux carcans du
réel.
Il est évident que TsimTsoum, la
dernière pièce en date, montre une manière nouvelle chez Sandra Korol,
notamment par le choix de creuser la veine humoristique. Ici, quatre
religieuses débattent d’une question d’importance: la mort de Dieu.
Rarement débat théologique aura été aussi désopilant. De là à supposer
que le rire est le fait du Diable… Mais peut-on vraiment se fier à ce
que l’on voit, à ce que l’on entend?
Toutes ces pièces tracent la cartographie d’un archipel ailé, mobile. Les pièces à venir en déploieront les confins.
Voici une illustration éclatante de ce que les grands maîtres récents,
de Claudel à Brecht, de Beckett à Bernhard n’ont pas fermé les
horizons. Ils en ont ouvert de nouveaux.
L’exclusion, l’environnement, la difficulté de communiquer et d’être au
monde ensemble: ces thèmes actuels se conjuguent ici avec de très
anciens rêves d’amour et de liberté, avec l’effroi plus ou moins avoué
de la mort pour dessiner une mythologie personnelle, irriguée de
lectures et de connaissances (qu’elles soient spirituelles ou
psychanalytiques par exemple), mais aussi d’expériences. Peut-être même
surtout d’expériences.
Il faut un certain culot pour, à la fin d’une pièce, placer une
didascalie de ce type: «Un lamantin à pattes traverse la scène. Il
s’arrête sur une dune de sable et fait la sieste.»
RENÉ ZAHND, Préface
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Tsimtsoum au Théâtre Le Poche
J'ai appris un nouveau mot. Tsimtsoum. Oui ça existe. C'est même très sérieux. Sa définition: « La théorie du Tsimtsoum
dérive des enseignements de Isaac Louria et peut se résumer comme étant
le phénomène de contraction divine dans le but de permettre à la
Création de prendre place. » Pour le reste, je vous renvoie ici, à
l'indispensable et pas toujours sûr Wikipédia – à propos, Wikipédia
est-il masculin?)
Comment j'ai appris ce mot? Tsimtsoum est le titre d'une pièce jouée actuellement au Théâtre Le Poche à Genève. Une création.
Le texte de Sandra Korol parle de Dieu. Thème séduisant et peu à la
mode. La situation aussi est singulière. La mère supérieure d'un
couvent a découvert que des scientifiques ont démontré l'inexistence de
Dieu. Quatre sœurs se réunissent pour prouver le contraire.
Le texte est circulaire, un peu tarabiscoté, parfois un peu répétitif,
intéressant. On ne comprend pas tout mais on s'en fiche, ça fait
souvent mouche.
Le décor représente des cellules en forme d'alvéoles. Dans cette ruche,
quatre nonnes aux irrésistibles costumes qui les mettent entre abeilles
et érudites. Elles se disputent, papotent, cherchent des arguments ou
des preuves dans la raison ou le sentiment.
Tout est censé se passer dans la tête de la mère supérieure, qui est en
train de mourir et dont on entend la voix de temps à autre. Option un
peu obscure mais on s'en fiche aussi: une ambiance est là. Et les
actrices sont magnifiques. Des bêtes de scène. La pièce a été écrite
exprès pour elles.
Ça semble avoir un peu castré le metteur en scène, ici. Mettez-vous à
sa place, face à quatre grandes comédiennes de théâtre: cette force, ce
rayonnement, cet abattage!
C'est comme un conducteur de char romain derrière quatre pur-sangs.
Comment ne pas se laisser emporter? L'aurige semble débordé par ces
galops fougueux, ces puissances individuelles et ces effets
bouillonnants, volant sur son char fragile, cramponné, tout content
déjà de ne pas être éjecté dans un virage.
Oui, j'ai trouvé ça un peu débridé. Défaut de rodage sans doute, d'une
création encore toute jeune (j'ai vu la quatrième), dont on peut
parier, à voir son potentiel, que ça va s'épurer, se cadrer. Mais je
conseille. Ne serait-ce que pour ses comédiennes. Ah, ces comédiennes!
Blog d’ALAIN BAGNOUD
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AFFAIRES DU MONDE, ARCHIPELS POÉTIQUES
Dans
sa collection dédiée au théâtre, en partenariat avec la SSA, Bernard
Campiche publie «N’Dongo revient et autres pièces» de Dominique Ziegler
et «Pièces 2003-2009» de Sandra Korol.
Leur
théâtre témoigne d’une même attention au réel, mais portée par deux
écritures radicalement différentes: là où Dominique Ziegler utilise la
farce tragicomique, la satire ou le pamphlet pour aborder des sujets
politiquement engagés, Sandra Korol tricote des personnages hauts en
couleur, souvent torturés, baroques et romantiques, dans des pièces
traversées par un souffle de fantaisie. Au fil de son travail, la
dramaturge dessine les contours d’un «archipel ailé, mobile », comme le
formule René Zahnd dans sa préface: les titres mystérieux de ses pièces
évoquent un monde à part, géographie poétique en extension. Il y a KiLombo,
où deux femmes enfermées dans un sous-sol mangent les ordures déversées
par le monde d’en-haut en rêvant au grand amour qui viendra les
chercher; CarGo 7906, monologue à deux voix écrit pour le
comédien Darius Kehtari, où le Roi et le Clown plongent dans une quête
des origines baignée des larmes de l’exil. Ou encore Liwyatan,
qui met en scène des personnages bloqués sur une île, échappant à
l’enfermement et à une mère abusive par le rêve et l’imaginaire. Dans
le texte qui raconte la genèse de cette dernière pièce, l’auteure
explique ne pas pouvoir démarrer sans titre; une fois trouvé celui-ci,
«il ne me resta plus qu’à en dérouler les interstices, comme on le fait
d’une hélice d’ADN. Et d’amener à la lumière les méandres intérieurs de
ceux que j’appelle les liwyatans, les monstres tapis sous la surface de
la conscience.» On est ici au cœur de sa démarche. Sandra Korol
part d’événements vécus et explore certaines préoccupations – les
manipulateurs pervers dans Lywiatan,
mais aussi l’enfermement, l’exclusion, l’exil, la mort d’un être cher,
la quête de l’amour, le désir de liberté et de transcendance, etc.
Autant d’éléments qui entrent en résonance avec le titre surgi
d’ailleurs, relié à une dimension plus vaste, à cette part
d’inconscient qui guide l’imaginaire. Le tout alors se fond dans le
creuset d’une langue qui laisse place à l’intuition et balise un
territoire poétique d’une grande liberté. Le titre de la pièce TsimTsoum,
par exemple, est emprunté à un ouvrage de Marc-Alain Ouaknin sur la
méditation hébraïque, lu par Sandra Korol alors qu’elle se questionne
sur le «Sens» de retour d’un voyage dans la région des Grands Lacs,
théâtre du massacre rwandais, et qu’elle a carte blanche pour créer une
pièce avec quatre comédiennes... Résultat: une malicieuse «quête de
verticalité» où quatre bonnes sœurs tentent de prouver l’existence de
Dieu en la mettant à l’épreuve de leur foi – on retrouvera leurs
extases et leurs blasphèmes au Théâtre de Vidy-Lausanne en janvier,
dans la mise en scène de Georges Guerreiro. Au final, impossible de
démêler tous ces fils. Reste cet univers étrange, empreint d’humour, de
fantaisie et d’une sorte de grâce, marque de fabrique du théâtre de
Sandra Korol.
Un théâtre citoyen
C’est un tout autre ton qui porte les pièces de Dominique Ziegler, où
culot et dénonciation forment un cocktail censé réveiller les
consciences des spectateurs. Nourris de sa propre révolte et de ses
interrogations face aux injustices du monde, les textes de l’auteur et
metteur en scène genevois sont conçus pour toucher et faire réfléchir.
Entre pillage de l’Afrique, soutiens occidentaux aux dictateurs et
magouilles de la CIA, il y dénonce des mécanismes qu’il a pu observer,
au fil de ses voyages notamment, et sur lesquels il s’est documenté. N’Dongo revient,
sa première pièce jouée, en 2002, dans le sous-sol d’un bistrot
genevois, montre un tête-à-tête entre un président africain et un
président français dont les intérêts soudain divergent – surgit alors
la farce, glaçante et scandaleuse. La pièce a remporté un succès
critique et public; elle a été jouée à Paris pendant neuf semaines,
avant que la Confédération ne bloque sa tournée africaine pour des
raisons diplomatiques (attitude dénoncée par l’auteur dans Tempête dans un verre d’eau, qui a surtout valeur de catharsis).
Cette frilosité témoigne de l’efficacité des constructions dramatiques
de l’auteur. Ziegler puise ses références dans les genres de la bande
dessinée, du cinéma (le western dans Building USA) ou des romans d’espionnage (Opérations Métastases). Rapide, rythmée, riche en retournements de situations, sa dernière pièce Affaires privées semble
emprunter sa structure au genre du sitcom et évoque aussi l’univers de
David Mamet, expert en fauxsemblants: montrant les rouages d’un piège
qui se referme autour d’un jeune cadre, elle dévoile avec une ironie
grinçante les manipulations, la perversion et la violence policée à
l’œuvre dans le monde de la haute finance. Ce théâtre politique et
citoyen – «théâtre populaire en lutte pour la cause populaire», écrit
François Rochaix dans sa préface –, se doit d’être dérangeant,
divertissant, provocant. C’est ici la construction des pièces qui
prime, la langue elle-même reste secondaire par rapport au propos.
Humour corrosif, personnages souvent parodiques: pour dénoncer,
Dominique Ziegler force le trait, et joue en équilibre sur le fil entre
caricature et réalisme.
ANNE PITTELOUD, Papiers, bulletin d’information de la SSA
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Nonnes en quête de sens
Sandra
Korol est une figure de proue de la jeune écriture théâtrale romande.
Elle vient de publier cinq de ses pièces, dont la dernière, TsimTsoum, est présentée sur la scène du Théâtre de Vidy-Lausanne jusqu’au 7 février.
C’est une période fertile pour Sandra Korol. Parallèlement à la publication de KilomBo (2003), Salida (2005), CarGo 7906 (2007), Liwyatan (2008) et TsimTsoum
(2009) dans la collection Théâtre en camPoche, chez Bernard Campiche,
elle est à l’affiche du Théâtre de Vidy-Lausanne jusqu’au
7 février avec TsimTsoum. La pièce sera également présentée à Nuithonie, du 24 au 28 février, mais c’est déjà complet.
Le soir où nous sommes allés voir TsimTsoum
à Vidy, Sandra Korol est dans la salle. Lorsque nous la rencontrons
quelques jours plus tard, elle explique qu’elle va quasiment la voir
chaque soir. On s’étonne. «En la regardant, je vois mes erreurs. Si un
texte de théâtre ne tient pas sur scène, ça n’a aucun sens de l’avoir
écrit. Dans la salle, incognito, je peux aussi entendre les réactions
et les commentaires du public.»
Ce soir-là, le public est conquis par TsimTsoum.
Il faut dire que la pièce a au moins deux atouts: sa drôlerie et les
territoires qu’elle explore. Quatre bonnes sœurs apprennent que des
scientifiques viennent de démontrer que Dieu n’existe pas. «Elles
perdent le sens de leur vie», commente Sandra Korol. Durant un peu plus
d’une heure, sur scène, elles cherchent à entrer en contact avec Dieu,
par tous les moyens. Mais leurs problèmes relationnels prennent souvent
le dessus, entraînant des scènes d’une cocasserie certaine. Le moteur
de la pièce tient autant dans la problématique du sens que dans le
plaisir de mettre en scène ces quatre bonnes sœurs enfermées dans leur
petit monde: «Quatre bonnes sœurs sur une scène, c’est délicieux au
théâtre», s’amuse Sandra Korol.
Un univers et une évolution
Lorsqu’on lui demande si son théâtre n’est pas complètement traversé
par la quête du sens, elle répond de manière très technique: «C’est la
base même de n’importe quelle histoire. Quelque chose brise l’harmonie
du quotidien et un personnage met tout en œuvre pour la retrouver.»
Elle reconnaît pourtant, en commentant la publication de ses pièces
dans la collection camPoche, qu’elles permettent de voir une évolution
de son approche, non dénuée de quête de sens: «Au début, j’avais très
envie de délivrer des messages. Aujourd’hui, je suis moins axée sur
moi. J’ai également une meilleure compréhension de l’écriture
théâtrale.»
À la lecture de l’ouvrage, on se rend compte qu’il est parfois
difficile de se mettre en scène, en esprit, les textes publiés. La
lecture théâtrale reste un exercice particulier. Les cinq pièces
permettent pourtant de bien pénétrer dans l’univers de Sandra Korol.
Certaines se laissent mieux lire que d’autres. C’est le cas de Salida,
qui tourne autour du tango, de la nostalgie et de la mort. Sandra Korol
est bien consciente que les pièces sont d’abord faites pour vivre en
scène, mais cette publication est importante pour la diffusion de son
travail, également hors de Suisse. La sortie du livre marque aussi la
bonne santé de la jeune écriture théâtrale romande.
De nombreux projets
S’il fallait trouver un point commun entre les différents textes,
disons que, dans sa vie comme dans ses pièces, Sandra Korol se
passionne par «les hasards dont la vie a le secret». C’est cette
formule qu’elle utilise pour expliquer son entrée en écriture théâtrale.
Non seulement, dit-elle, «je n’ai jamais voulu écrire, mais encore je
me suis toujours dit, quand j’étudiais le théâtre et que j’étais
actrice, que je ne pourrais jamais le faire». Mais un concours va tout
changer. «J’ai envoyé mon texte sans trop réfléchir et je me suis
retrouvée parmi les gagnants. J’ai pu participer à un stage d’écriture.
Nous avions trente jours pour écrire une pièce et je l’ai écrite
finalement en une nuit.» C’est un processus habituel, comme on peut le
lire dans les excellents textes qu’elle a écrits, avant chacune des
œuvres publiées, pour en expliquer la genèse.
Une fois la première pièce mise en ondes à la radio, «j’ai été happée
tout de suite», commente-t-elle. On lui commande une œuvre pour la
scène, elle se met à gagner des concours de la Société suisse des
auteurs. Aujourd’hui, elle a une dizaine de pièces à son actif. L’année
2006 a marqué son véritable décollage avec la mise en scène, dans les
meilleures salles romandes, de KilomBo, de Salida et de CarGo 7906, qui a également été jouée durant quatre mois à Paris.
Sandra Korol poursuit aujourd’hui sa marche en avant. Elle est engagée sur de nombreux projets. Sa pièce Liwyatan
va être montée et elle s’est lancée dans l’écriture pour enfants dans
un projet prévu pour le Théâtre des Osses dans une mise en scène de
Sylviane Tille. Elle prépare également la publication d’un texte,
commandé par l’ONG Eirene Suisse, sur vingt-cinq Sentinelles de la paix
du Rwanda, du Burundi et du Congo qu’elle est allée rencontrer. Elle
veut aussi se lancer dans l’écriture de scénarios pour le cinéma.
CHARLY VEUTHEY, La Gruyère
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