Grâce à l'éditeur Bernard Campiche, le théâtre romand s'offre enfin une collection ambitieuse
L'Urbigène publie ces jours cinq pièces du Lausannois René Zahnd,
réunies en un volume élégant et utile. D'autres auteurs suivront dès le
printemps, histoire de permettre aux dramaturges suisses francophones
de sortir de l'ombre et de traverser les frontières.
Au premier coup d'œil, c'est l'élégance de la couverture bleue qui
frappe. Puis la taille du volume, 365 pages au prix de 18 francs. Pris
en main, c'est sa souplesse qui plaît. Une certitude: on brûle de le
déflorer. Avec Mokhor et autres pièces du Lausannois René Zahnd, Bernard Campiche ne lance pas seulement, sous le nom de Théâtre en camPoche,
la nouvelle collection théâtrale suisse romande, succédant à L'Age
d'Homme. Il rend ce premier volume désirable, et c'est un exploit. Fini
ces opuscules chagrins, quarante à soixante pages, qui se noyaient dans
les bacs des bouquinistes. Mandaté par la Société suisse des auteurs
(SSA), l'éditeur d'Orbe affiche une ambition élevée: élargir le public
d'un genre littéraire qui se vend mal, faire connaître surtout les
auteurs romands en Suisse et au-delà de nos frontières. Mission
impossible, ricaneront les sceptiques. Si le théâtre québécois regorge
d'auteurs connus à l'étranger (de Daniel Danis à Normand Chaurette), si
les théâtres wallon et africain s'exportent bien, les dramaturges
suisses paraissent voués à rester méconnus. Un observateur constate:
«Quand vous demandez à des professionnels français de citer des
auteurs, les seuls noms qui fusent, ce sont Max Frisch et Friedrich
Dürrenmatt. Ils ignorent l'existence des Louis Gaulis, Michel Viala ou
autres Bernard Falciola qui ont marqué les années 60-70 chez nous.»
Fatalité? Peut-être pas. En janvier passé, 70 auteurs romands se sont
fédérés sous une même bannière, celle dite des Ecrivains associés du
théâtre. Leur ambition: être programmés sous nos cieux, dans des salles
dont ils sont pour la plupart absents
L'entreprise de Bernard Campiche n'a pas de lien direct avec cette
mobilisation. Mais elle participe du même mouvement. Pour parvenir à
ses fins, l'éditeur s'est assuré les services d'un dévoreur de
littérature théâtrale: le Jurassien Philippe Morand. Metteur en scène
et acteur, il a dirigé pendant sept ans le Théâtre de Poche de Genève,
dont il a fait l'une des places fortes de l'écriture d'aujourd'hui,
multipliant les collaborations avec la Belgique, la France et le
Québec. Cet athlète de la lecture dirigera la collection.
Fini donc, le flou artistique. Philippe Morand promet d'imprimer sa
personnalité à la collection: «Nous ferons des choix avec Bernard
Campiche, nous les assumerons.» Coup de menton en forme de rupture.
Jusqu'à présent, c'était la Société suisse des auteurs, par le biais
d'un comité de lecture, qui décidait d'éditer ou non une pièce. Les
candidats à la publication avaient deux conditions au minimum à
remplir: appartenir à la SSA et être assurés que leurs pièces soient
montées par des professionnels. Désormais, l'éditeur sera souverain.
Seule réserve: la SSA ne subventionnera que ses membres, à hauteur de
3000 à 4000 francs (la fabrication d'un livre coûtant plus du double).
Déléguée aux affaires culturelles à la SSA, Jolanda Herradi est
enthousiaste: «Nous aurons enfin de vrais livres. Jusqu'à présent, ils
n'étaient pas beaux. Pis, nous ne disposions d'aucun chiffre ni sur
leurs diffusions, ni sur leurs ventes.» Charpenté par un concept
intelligent, Théâtre en camPoche
proposera deux types de publication: Répertoire et Enjeux. Dans le
premier, seront réunis des textes d'un auteur déjà reconnu. «Nous
voulons permettre au lecteur de pénétrer dans un univers, de percevoir
l'évolution d'un écrivain, ce qui n'est pas possible avec un livre de
45 pages», explique Bernard Campiche. Dans le second figureront des
pièces d'auteurs divers, souvent jeunes. «D'Anne-Lou Steininger à
Olivier Chiacchiari, beaucoup d'écrivains se sont affirmés ici ces dix
dernières années, souligne Philippe Morand. Leurs textes doivent
franchir les frontières! Notre objectif est de nous inscrire dans un
réseau de diffusion francophone, qui ouvre les portes de la France, de
la Belgique et du Canada.» «Pour y parvenir, il faudra faire nos
preuves, complète Bernard Campiche. Pour être pris au sérieux, nos
ouvrages doivent témoigner d'une exigence sans faille.»
Mokhor et autres pièces
devrait convaincre les futurs partenaires de Campiche. On y découvre
Mokhor, monologue fort, inspiré de paysages africains, qui sera mis en
scène au Poche de Genève par Philippe Morand en janvier 2006. On
dispose aussi d'indications sur les dates de création et les
distributions des pièces de René Zahnd. L'art théâtral est par
définition volatil. Théâtre en camPoche s'érige en garde-mémoire
efficace. Amateur de trois-mâts, Jacques Probst aura les honneurs de la
collection ce printemps. De quoi dégager des horizons océaniques.
ALEXANDRE DEMIDOFF, Le Temps
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Théâtre romand en Campoche
Cinq pièces de René Zahnd inaugurent une nouvelle collection dirigée par Philippe Morand, à l’enseigne de la SSA
C’est avec un recueil de cinq pièces de superbe aspect, sous sa
couverture bleue signée Mario del Curto, que René Zahnd inaugure la
nouvelle collection Répertoire du Théâtre en camPoche,
dont Philippe Morand vient de prendre la direction. Sous l’égide de la
Société Suisse des Auteurs (SSA), cette série de publications
accueillera, d’une part, les œuvres significatives d’auteurs reconnus
(un recueil consacré à Jacques Probst paraîtra au printemps prochain)
et appelés à constituer un répertoire et, d’autre part, dans la
collection Enjeux, des pièces isolées mises en exergue par la SSA. Des contacts sont déjà pris pour la diffusion française de ces publications.
Après quatre premières pièces (dont L’Île morte,
créée au Vieux Colombier en 1999, par Henri Ronse et pour la Comédie
Française), les cinq nouveaux titres réunis ici témoignent de la
fécondité et de la progression remarquables du travail créateur de René
Zahnd (parallèlement à ses traductions et autres adaptations de Lars
Norèn, Büchner, Synge ou Pirandello), dont la meilleure preuve est
donnée par le récent monologue de Mokhor (2004), destiné au
comédien africain Hassane Kouyaté et qui sera créé en 2006 au Poche de
Genève par Philippe Morand, lequel souligne la «violence intérieure»
contenue dans le théâtre de l’écrivain lausannois, dont «émerge une
troublante humanité».
JEAN-LOUIS KUFFER, 24 Heures
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Folle jeunesse de René Zahnd dégage du charme et de la magie
Montée par François Landolt, avec de jeunes acteurs épatants, cette
pièce illustre la nostalgie de l’innocence et les idéaux bafoués.
A voir au Théâtre 2.21, rue de l’Industrie 10, à Lausanne, du 8 au 19 décembre 2004
Les thèmes de la pureté souillée, de l’idéal sacrifié à la «raison»
adulte et des illusions perdues se retrouvent dans la plupart des
pièces de René Zahnd, et notamment dans Folle jeunesse,
dont la situation explicite module la confrontation d’un petit groupe
d’amis d’enfance avec leur révolte et leurs aspirations d’adolescents.
C’est à l’initiative de Geneviève (25 ans) la rêveuse que, dans un
chalet isolé du monde par la neige, se retrouvent Bertrand (27 ans) le
pragmatique socialement à la coule et en voie de se marier, Louise (24
ans) sa sœur non moins lancée dans le tourbillon de la vie dite active,
et Steve (22 ans) leur benjamin moins aligné qui «bidouille» des
vidéos. L’idée de Geneviève partait probablement du désir de revivre un
bonheur naguère partagé, mais ces retrouvailles sont d’emblée
empoisonnées (aux yeux de Bertrand) par la neige qu’il faudra déblayer
et la fâcheuse impression d’être soudain déconnecté. Lorsque Geneviève
et Steve évoquent les fêtes et les frondes qui les enflammaient tous
quelques années auparavant, Bertrand conclut aux «conneries d’ados» et
Louise invoque «la réalité» désormais incontournable, tout en se
rappelant non sans nostalgie ce temps où il avait été décidé de ne plus
grandir...
Un ange passe…
Amorcée sur le ton d’un téléfilm genre Hélène et les garçons, la pièce
bifurque bientôt avec l’apparition d’une jeune fille découverte
inanimée dans la neige, comme tombée du ciel et dont la présence va
ressusciter celle de Gaspard, le frère de Geneviève, lui aussi tombé
mais pour ne jamais se relever, et dont le souvenir de la rébellion
poétique a marqué le petit groupe. C’est d’ailleurs en sa mémoire et
avec ses déguisements que les anciens camarades vont se livrer, à
l’instigation de Julie, à un jeu théâtral à la fois naïf et profond où,
brassant mythes et images oniriques, ils revisitent l’âge d’or, la
perte originelle de l’unité, le don de la parole et la conjuration du
temps qui passe. Cette espèce de jeu de rôles cérémoniel pourrait
sembler d’un kitsch «téléphoné», et pourtant on est bel et bien saisi
par cette poussée de magie, avant de retomber dans la platitude
quotidienne, prélude à une fin abrupte, à vrai dire mal résolue par
l’auteur.
Vivacité et justesse
En revanche, René Zahnd maîtrise avec brio, sur un thème qu’on lui sent
consubstantiel, la polyphonie d’un dialogue d’une justesse et d’une
vivacité quasi sans faille, ressaisi par François Landolt avec une
sensibilité égale à celle de ses jeunes comédiens. A relever surtout :
la présence intense de Michèle Grand, incarnant une idéaliste Geneviève
sans rien de diaphane; et le charme mêlant fragilité et véhémence de
Ludovic Martin, parfait dans le rôle-charnière de Steve. Mais Viviane
Gay (Louise), Isabelle Tosic (Julie) et David Baumgartner (Bertrand)
campent leurs personnages avec autant de juste précision.
Correspondant enfin au tour «hyperréaliste» de la pièce, la
scénographie de Nils Zachariasen figure la représentation dans un
chalet suisse propre-en-ordre avec montagne à belle découpe et ciel
étoilé à la fenêtre. Louise la battante avait oublié que «tout ça
existait». Et pourtant «ça» existe?
JEAN-LOUIS KUFFER, 24 Heures
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À Orbe, où sa maison d’édition est installée, Bernard Campiche lance une nouvelle collection théâtrale.
Il en confie la charge à l'acteur et metteur en scène Philippe Morand.
La Suisse romande a désormais son éditeur de théâtre, qui trouve en la
personne de Bernard Campiche l'homme idéal pour donner à la scène son
assise littéraire.
Campiche, qui a fait connaître en les publiant tant de romanciers et
poètes de ce pays, s'offre aujourd'hui une collection théâtrale
joliment intitulée Théâtre en camPoche.
Une nouveauté qui s'est fait longtemps attendre ici. On l'accueille
donc avec bonheur, d'autant que les dramaturges romands voyaient
jusqu'à ce jour leurs pièces confinées dans de tristes opuscules
publiés, pour la plupart, par la SSA (Société Suisse des Auteurs). Et
ce à un rythme irrégulier.
C'est donc pour mettre fin à ce flou éditorial que la SSA a contacté
Bernard Campiche et lui a demandé de donner un essor esthétique et
littéraire à la publication théâtrale.
Un homme de terrain
L'éditeur et ladite Société ont choisi Philippe Morand comme directeur
de cette nouvelle collection. On peut dès lors affirmer que Théâtre en camPoche est dans d'excellentes mains, Philippe Morand étant la personne la mieux placée pour honorer cette charge.
Acteur, metteur en scène et professeur à l'Ecole des hautes études
théâtrales de Lausanne, Morand a «pratiqué», comme il le dit, en long
et en large les scènes de l'espace francophone.
C'est cet espace-là qu'il a tenté de faire connaître au public durant
son mandat au Poche de Genève dont il fut le directeur de 1996 à 2002.
C'est là qu'il a aussi constaté la nécessité de donner à l'écriture
théâtrale romande ses lettres de noblesse.
Ravi de sa nouvelle mission, il confie aujourd'hui: «Il y a chez nous
des auteurs qui restent à promouvoir. Mais il y a aussi des auteurs
confirmés, guère connus au-delà de nos frontières. Théâtre en camPoche
les aidera, j'espère, à passer la rampe». Entendez, à trouver une place
méritée à l'étranger.
Et Morand de poursuivre: «Dans ce domaine, nos amis québécois, belges
ou français nous devancent de plusieurs coudées. Leurs dramaturges ont
leurs éditeurs. Chez nous, les publications de la SSA ont été jusqu'à
présent fort peu ou très mal diffusées».
Beauté et rigueur
Afin d'être attrayant, ici comme ailleurs, il fallait viser la beauté
et la rigueur. Pour cette nouvelle collection, la rigueur signifie
clarté des choix. Tout un art que Théâtre en camPoche déploie en deux volets: Répertoire et Enjeux.
«Dans le premier volet sont publiés, explique Morand, les auteurs qui
ont déjà un passé et derrière eux des réalisations multiples».
Un exemple: Mokhor et autres pièces, premier ouvrage de la section Répertoire,
qui regroupe cinq textes du dramaturge lausannois René Zahnd. Bientôt,
ce sera le tour de l'écrivain genevois Jacques Probst dont l’œuvre,
conséquente, paraîtra en plusieurs volumes sous la déclinaison Répertoire également.
Quant au volet Enjeux,
«il se fera le témoin de ce qui vient d'être joué, qui est joué ou qui
sera joué dans la saison», précise Morand. Cette section pourra réunir
aussi les pièces de 2 ou 3 auteurs dont l'écriture, jeune, est le
reflet de notre vécu.
La beauté n'est certes pas en reste chez Campiche. La preuve par Mokhor et autres pièces dont la très belle couverture verglacée séduit l’œil et satisfait le toucher.
GHANIA ADAMO, swissinfo
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Un
élément essentiel relie les cinq pièces de ce volume. Presque toujours
dans l’œuvre de René Zahnd, c’est le lieu qui fonde la dramaturgie. De
là, la parole pulse comme le sang dans les artères. Cet endroit d’où
tout naît, c’est l’enfermement (volontaire ou non), la claustration, la
réclusion, l’isolement et, par naturelle conséquence, un rapport
conflictuel au monde. De tant et tant de solitudes naissent des
dialogues tranchants, des rapports à fleur de peau. La mémoire et le
présent se confrontent, sans maniérisme, sans concession, sans
condescendance aucune.
Dans cet infernal labyrinthe résonne heureusement le tambour de la parole.
De cette violence intérieure émerge alors une troublante humanité.
PHILIPPE MORAND
Théâtre en camPoche:
Écrire, c’est affaire d’auteurs.
Susciter l’intérêt, faire jouer, publier, diffuser, c’est notre affaire à tous.
Si j’ai accepté la lourde tâche et la responsabilité de diriger la nouvelle collection Théâtre en camPoche,
publiée avec le soutien de la SSA, c’est pour tenter de répondre,
autant que possible, à cette légitime demande. Il me tient à cœur de
poursuivre et de développer le travail déjà entrepris. En qualité
de comédien, j’ai joué de nombreux auteurs suisses. Durant sept ans à
la direction du Théâtre de Poche de Genève, je n’ai programmé que des
écritures d’aujourd’hui. Personne n’est obligé de partager mes choix,
mais personne non plus ne peut me contester cette volonté. J’ai produit
ou coproduit chaque saison au moins un auteur de chez nous. J’ai mis en
scène des pièces de Philippe Lüscher, Sylviane Dupuis, Anne-Lou
Steininger, Jean-Daniel Magnin, et d’autres.
Pour moi, cette nouvelle fonction s’inscrit dans le prolongement
naturel de ce que j’ai fait et défendu au théâtre jusqu’ici.
Je pense qu’il y a de véritables talents et une singularité forte dans
ce coin de pays. Il s’écrit depuis longtemps des œuvres remarquables.
Notre littérature (roman, poésie, nouvelles, essais) est riche et
étonnante. Les éditeurs sont nombreux pour une si petite région et leur
travail éditorial est impressionnant et généralement de qualité.
Mais, il serait naïf et irresponsable de prétendre qu’il en est de même
en matière théâtrale. Si de nombreuses pièces sont écrites chez nous,
il faut reconnaître qu’il y a encore un énorme travail à faire pour
hausser le niveau. Les meilleurs sont heureusement connus et reconnus,
les plus opiniâtres se font doucement une place, et beaucoup luttent
pour faire connaître simplement leur existence.
En regard de nos «cousins» belges, québécois et africains d’expression
française, la Suisse romande est en retard dans la promotion de ses
auteurs et à la traine en matière de diffusion.
C’est une chance et un privilège que Bernard Campiche, éditeur
remarquable et exigeant, souhaite publier NOTRE théâtre. Je sais qu’il
fera tout pour valoriser et faire connaître cette nouvelle collection.
Ensemble, épaulés par la SSA, nous mettrons tous nos contacts en Suisse
et à l’étranger au service de ce projet, nous ne viserons pas seulement
à soigner la qualité des livres mais nous travaillerons à l’affirmation
et à la reconnaissance des auteurs suisses.
PHILIPPE MORAND
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Comment va le théâtre, M. Zahnd?
René
Zahnd a une place à part dans la théâtre romand. Régulièrement joué sur
les scènes suisses, il a aussi été l’un des rares auteurs romands
contemporains montés par la Comédie-Française, en 1999 avec L’Île morte.
Et depuis de nombreuses années, parallèlement à l’écriture théâtrale,
il crée des ponts: entre la langue allemande et française, comme
traducteur, entre les spectacles et les spectateurs, comme chroniqueur
théâtral pendant de nombreuses années et, désormais, entre tous ceux
qui participent à la création théâtrale, comme directeur adjoint du
Théâtre de Vidy, joyau de la création scénique, qui fourmille le matin
de notre rencontre. C’est une période féconde pour René Zahnd. Dans ce
lieu «qui fait la part belle à la poésie et à l’humain», selon son
expression, il parle avec passion de théâtre. Cinq de ses pièces
viennent d’être rassemblées. Jardin d’hiver (1994), Équinoxe (2003), Folle jeunesse (2003), Enfants perdus (2004) et Mokhor
(2004) sont réunies dans le premier volume de «Théâtre en camPoche», la
nouvelle collection des Éditions Bernard Campiche. Après des essais
dans le roman, la nouvelle et la poésie, le théâtre s’est imposé chez
René Zahnd qui se consacre désormais exclusivement à cette forme
d’écriture où rien n’est encore achevé lorsque le texte est terminé:
«Un texte de théâtre n’est vraiment fini que lorsqu’il est joué. Et je
suis à chaque fois étonné lorsque mes textes prennent une réalité
physique.»
Cette forme de miracle des mots qui prennent chair sur scène, René Zahnd a eu la joie de la connaître souvent. L’année dernière Folle jeunesse a été montée au Théâtre du Passage de Neuchâtel et au 2.21 de Lausanne. En janvier 2006, ce sera au tour de Mokhor au Théâtre Le Poche de Genève.
Cette
dernière pièce, qui donne son titre au recueil, marque une nouvelle
étape dans la création théâtrale de René Zahnd. Après une série de
textes intimistes, à huis clos, il aborde un genre différent: «C’est en
effet un nouveau paysage qui s’ouvre, un voyage avec une vue un peu
plus large.» Le texte a d’ailleurs été inspiré par «des impressions de
voyage, en Afrique surtout, cette fouetteuse d’imaginaire et
d’émotion». Il est tombé amoureux du Mali en 2000.
Le
voyage: autre passion de René Zahnd qui y voit, non seulement une
respiration, mais «un état de vie». «Ils m’apportent une ouverture, une
réceptivité et une disponibilité en me sortant de mon environnement
quotidien.» Une manière, non seulement de s’aérer l’esprit, mais de
découvrir, hors des sentiers battus, de nouveaux horizons imaginaires…
Lorsqu’il
ne voyage pas et ne s’occupe pas de théâtre, René Zahnd se promène
souvent dans la nature: «Mon père était pépiniériste, ma mère
fleuriste. J’aime la nature depuis mon enfance, et plus le temps passe,
plus j’apprends à la connaître.»
L’écrivain observe ainsi les oiseaux depuis 30 ans et partage ses observations avec la station ornithologique de Sempach.
CHARLY VEUTHEY, Coopération
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