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Textes-en-scènes / atelier d’auteurs de théâtre
est une initiative de la Société Suisse des Auteurs (en collaboration
avec Pro Helvetia, le Pour-cent culturel Migros et l’association
Autrices et Auteurs de Suisse). Les auteurs dramatiques sont
invités à déposer un projet d’écriture pour le théâtre. Un jury
sélectionne quatre de ces propositions, les élus reçoivent une bourse
et partent en résidence à périodes régulières. Ils sont accompagnés par
un dramaturge expérimenté et reconnu. Les théâtres partenaires de cette
opération obtiennent un soutien financier pour la mise en production de
ces nouvelles écritures.
Pour cette deuxième édition (2006), c’est le dramaturge français Enzo
Cormann qui a accompagné les quatre femmes-auteurs choisies. Le
résultat est significatif. Quatre textes et propos radicalement
différents, quatre formes et écritures singulières et riches, quatre
propositions théâtrales qui expriment avec inventivité et rigueur leurs
interprétations du monde. Car c’est toujours à une commande implicite de l’assemblée (à venir) qu’obéit le dramaturge à l’instant de se mettre à l’ouvrage, comme le dit très justement Cormann dans sa préface.
PHILIPPE MORAND, directeur de la collection Théâtre en camPoche
Préface d’Enzo Cormann
Accompagner des cheminements
Depuis le temps que j’accompagne des écritures dramatiques, on pourrait
s’attendre à ce que, blasé ou las, je fasse preuve d’indifférence,
voire de condescendance à l’égard des voix en devenir, des errances
inhérentes à l’expérimentation littéraire, des certitudes prématurées
et des doutes inhibitifs…
Or c’est précisément à l’accompagnement de ces avancées et de ces
repentirs, de ces résolutions et de ces découragements, de ces
fulgurances et de ces ratages, inextricablement mêlés dans l’ouvrage,
que je puise ma propre énergie d’écrire et de fictionner.
Je crois par ailleurs profondément aux vertus d’un dispositif
susceptible à la fois de ménager la solitude de l’écrivain et de briser
son isolement. Nous avons tous besoin par moments d’un œil critique
autre que celui dont nous nous sommes dotés en propre. Mais nous avons
besoin que ce regard critique participe d’une empathie susceptible
d’entendre nos singularités, de se placer de leur point de vue ; de
nous accompagner, et non pas de nous envahir, ou de nous entraîner.
Le plaisir de l’accompagnateur en écriture (comme on dirait par exemple
« en moyenne montagne ») consiste en ce pas de côté qui le conduit à se
placer du point de vue d’autrui et, l’interrogeant à cette occasion, de
s’interroger lui-même sur la place d’autrui dans sa propre écriture.
S’il n’est aucun moyen d’apprendre à Arthur à devenir Rimbaud, il en
est par contre d’envisager la pratique artistique de telle façon
qu’elle résiste effectivement à l’atomisation sociale et au culte des
élites. Je crois profondément à la capacité du collectif de renforcer
(et non pas d’émousser) les singularités. Et c’est, je pense, un juste
retour des choses que le collectif auquel se destine par nature l’écrit
pour le théâtre soit, à sa naissance même, accompagné par un autre
collectif. Car c’est toujours à une commande implicite de l’assemblée
(à venir) qu’obéit le dramaturge à l’instant de se mettre à l’ouvrage.
Il s’agissait donc pour moi, à l’invitation de la SSA et de
«textes-en-scènes», d’accompagner durant ces quelques mois de 2006
quatre cheminements inédits, quatre quêtes singulières. Personne, en
littérature, ne trouve jamais ce qu’il cherche, tout le monde « rate »,
et ce pour l’excellente raison qu’il n’y a pas de « cible ». Toute
l’histoire de l’art fait une épopée magnifique du «ratage». C’est parce
qu’il a « échoué » à raconter l’histoire de Benjy, dans la première
partie de «Sound and Fury», que Faulkner entreprend les suivantes et
compose l’un des romans majeurs du XXe siècle. N’importe qui,
disait Jean Paulhan, peut pousser devant soi, comme un troupeau d’oies,
un certain nombre de chapitres (mettons de scènes). N’importe qui peut
« réussir » une pièce de théâtre… Le ratage témoigne beaucoup mieux que
la « réussite » de la terrible et paradoxale grandeur de la condition
humaine. «En plein dans le mille» est un cliché – allez donc décrire le
trajet d’une flèche qui s’égare dans la nature… Il faut ouvrir des
voies, s’inventer une voix, «prendre sa plume et ses risques»
(Faulkner, encore). Processus d’invention, couru de décadrages,
d’égarements, d’intranquillité et de pensée contre les «règles de
l’art» et contre… soi-même («accompagnateur» inclus).
«Nous œuvrons dans le noir, nous faisons ce que nous pouvons, nous
donnons ce que nous avons. Nos doutes sont notre passion et notre
passion réside dans notre tâche. Le reste est la folie de l’art…»
(Henry James, «The Middle Years»)
ENZO CORMANN
ODILE CORNUZ
Cicatrice
«Pièce de femmes», «pièce générationnelle», Cicatrice
l’est, bien sûr, mais là n’est pas son propos. Malgré la misère qui
émane des personnages, dans le creux des phrases la poésie point, à
peine ébauchée, disparaissant sitôt qu’on veut la saisir, tache aveugle
éternelle dans le champ de vision des protagonistes. Le temps roule,
les générations s’entassent et se décomposent, terreau mystérieux d’où
émanent des rêves avortés. Outre qu’elle n’est pas une pièce à thèse, Cicatrice
raconte une histoire. Sa facture est parfaitement classique. Ses
étincelles proviennent de frottements particuliers, ceux de la banalité
et de la poésie, de la puanteur et de l’amour, de l’humour bête et
d’une langue cristalline. C’est dans sa finesse que le texte s’avère
abrasif, inconfortable, voire révoltant.
JÉRÔME JUNOD
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JULIE GILBERT
My Swiss Tour
Un couple. Ils sont encore jeunes, trente ans. Encore la vie devant
eux. Jean et Anne-Marie. Ils viennent de s’installer dans un immeuble
récemment construit. Une grande barre de logements. Quatre-vingts
appartements. Cent quatre-vingt-quatorze enfants. Trente nationalités.
En s’installant, alors qu’ils n’ont jamais voulu être d’ici, alors
qu’ils n’ont jamais voulu arborer les couleurs helvétiques, ils
deviennent Les Suisses de l’immeuble. C’est là que commence le tour de
cette Suisse miniature, à partir de cette cour triangulaire, quand Jean
et Anne-Marie décident de photographier les habitants et de recueillir
leurs témoignages. Mais progressivement, les récits des arrivées et les
modes de vie de ces gens vont les envahir et les faire douter de leur
propre identité… Ne sachant dès lors plus comment vivre dans leur
propre pays, ils optent pour l’exil. Une plage mexicaine, une vraie
terre indienne, enracinée, qui, espèrent-ils, va leur permettre enfin
d’exister…
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VALÉRIE POIRIER
Loin du bal
Dans
une maison de retraite, on s’apprête à fêter les cent ans de Mme
Anchard. Arrive un homme à la recherche de son père. Adopté à la suite
d’un malentendu par un des vieillards, il changera, pendant un court
laps de temps, l’absence d’espoir en mouvement de vie. Mais d’étranges
animaux commencent à peupler le lieu et soudain la fête bascule dans
l’inhumanité sous l’œil des caméras de télévision chargées
d’immortaliser le jubilé de la centenaire.
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NADÈGE REVEILLON
Vénus vocero
Avant-première de Vénus.
Le 24 février 2007
au Théâtre de Saint-Gervais, à Genève
Mise en lecture : Agnès Boulmer
Avec: Silvia Barreiros – Myriam Boucris – Nathalie Cuenet – Céline Goormaghtigh
Création de Vénus.
Du 3 au 20 avril 2008 au Studio du Théâtre des Osses, à Givisiez
Mise en scène: Gisèle Sallin
Costumes: Fabienne Vuarnoz
Lumières: Jean-Christophe Despond
Régie: Yan Benz
Maquillage et coiffure: Katrine Zingg
Avec: Marika Dreistadt – Anne Jenny – Raïssa Mariotti – Emmanuelle Ricci
Une production du Théâtre des Osses – Centre dramatique fribourgeois
Vénus, la plus grande voix au monde, vient de s’éteindre. Un quartet de
voceratrices est invité à exécuter sa déploration. Un rituel
polyphonique évolue sous nos yeux. Les langues se délient, les vérités
éclatent, les croyances s’effondrent. Facette après facette se dessine
un portrait complexe qui nous entraîne au cœur d’une voix, au cœur
d’une femme. Vénus nous convie à une commémoration inquisitoire, à un
chant funèbre postmoderne.
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