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À
notre reconnaissance devrait pourtant s’en ajouter une autre. Celle de
n’importe quel lecteur, aussi éloigné soit-il des cercles
journalistiques, qui trouvera dans le livre de Gilbert Salem un récit
d’une beauté poignante, où l’amitié qui en occupe le cœur ne cesse de
croître par-delà la mort. À la place du mort est un livre d’écrivain, même si c’est un journaliste qui tient la plume.
La première partie va au rythme d’un dépouillement grandissant.
Pascal-Arthur perd d’abord sa femme, Gina, une Haïtienne au rire
sauvage, un tourbillon de parfums et d’étoffes colorées («C’est par la
maladie qu’ils s’étaient rencontrés, qu’ils avaient tenté d’établir une
vie commune, toute jalonnée d’aléas et d’embûches, et qu’ils avaient
fini par s’aimer»). Puis c’est son corps qui l’abandonne, le goût des
aliments qui s’estompe, les chairs qui fondent, une part toujours
croissante de lui-même qui le quitte. Jusqu’à la perte de la vie. Non,
l’approche de la mort ne rend pas nécessairement plus sage. Oui, la vie
ne paraît peut-être jamais si belle qu’au moment où on va la perdre.
Passé la disparition et l’enterrement de Pascal-Arthur à l’ombre d’un
prunier, dans le cimetière de Lussy-sur-Morges, Gilbert Salem évoque
cette présence de l’ami qui continue à le hanter, qui habite même son
corps, qui lui donne d’étranges douleurs à chaque anniversaire de son
décès, ne cesse de l’accompagner dans la vie comme il l’avait lui-même
accompagné vers la mort. C’est un pas de deux qui se poursuit. Une
danse où le mort et le vif s’étreignent mutuellement dans un
poudroiement de lumière. Les vignes de La Côte, la Toscane, les amours
de l’un, les tentations religieuses de l’autre, la présence et
l’absence, tout cela se met à tournoyer dans un récit fluide, d’une
pureté cristalline, où la beauté sensible du monde se trouve célébrée
avec une grâce mystérieuse de derviche.
MICHEL AUDÉTAT, L'Hebdo
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La
réédition en poche de ce très beau livre d’amitié est bienvenue. C’est
en effet, plus qu’un récit linéaire en hommage à un frère-confrère
disparu prématurément: une espèce de psaume affectueux où l’auteur dit
autant les rires complices et les joies partagées que sa peine et le
deuil des enfants de Pascal-Arthur Gonet. Au fil de nombreuses
digressions et autre évocations, Gilbert Salem compose un tableau qui
est à la fois portrait, autoportrait indirect, mais aussi célébration
de la Côte, du lac, de la vie, de la lumière et de l’ombre.
ALAIN NOVERRAZ, Librairie Payot Vevey, Mon choix, 24 Heures
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Étrange
jeu de miroirs que ce récit. Plutôt qu’à sa famille, Pascal confie à
Gilbert Salem, avec qui il n’avait eu jusque-là que des relations un
peu tumultueuses, qu’à trente-six ans il va mourir du sida. «Des
semaines s’étaient écoulées depuis sa foudroyante confidence, mais nous
n’en parlions plus. Le malade c’était lui, et il avait la mine d’un
bien-portant. Le mieux portant de nous deux c’était moi, et j’étais
livide… L’humour inhabituel de notre amitié tardive et tragiquement
courte est né de cette incroyable contradiction-là. D’un jeu de rôle
inversé, d’une partie de masques.» Il sera dès lors «à la place du
mort». Cette présence l’accompagne, le hante au point de lui donner des
douleurs à chaque anniversaire de sa disparition. Il recherchera à La
Côte, au bord du Léman, en Toscane aussi, les souvenirs, les amours,
les hésitations religieuses de l’un et de l’autre.
Malgré ou à cause du titre, c’est un chant à la gloire de la vie et d’une extraordinaire amitié.
«Quand je regarde Pascal-Arthur, je me dis que c’est un homme et que
j’en suis un. Si l’un de nous deux avait été une femme, il y aurait eu
entre nous de l’amour. Donc moins que de l’amitié.»
JULIETTE DAVID, Suisse magazine
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