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Sous la dir. de Jean-François Thomas

Défricheurs d’imaginaire

une anthologie historique de science-fiction suisse romande
2009. 530 pages. Prix: CHF 22.–
ISBN 2-88241-231-7, EAN 9782882412317

Cet ouvrage est disponible en édition numérique, au prix de CHF 15.00,
auprès de notre diffuseur suisse, l'OLF. ISBN 978-2-88241-361-1



Vous pouvez nous commander directement cet ouvrage par courriel.


La science-fiction suisse? Jamais entendu parler!
Et pourtant, depuis longtemps, la littérature suisse romande s’est livrée au jeu des fictions spéculatives. Comme ailleurs, des auteurs curieux ou perspicaces se sont posé des questions sur l’avenir, les rapports de la science et de la société, les dangers technologiques, les dérives totalitaires, la vie sur d’autres planètes, la réalité virtuelle ou les délires temporels. Auteurs célèbres, réputés ou oubliés ont exprimé leurs craintes, leurs angoisses ou leurs espoirs par le biais de romans ou de nouvelles.
Composé par Jean-François Thomas, ce recueil est la première anthologie historique de la science-fiction suisse romande. De 1884 à 2004, elle donne à lire des récits qui appartiennent tous au domaine de la « conjecture romanesque rationnelle ».
Avec des textes de Léon Bopp, Bernard Comment, Marie-Claire Dewarrat, Michel Epuy, Roger Farney, Gabrielle Faure, Jean Villard Gilles, Rolf Kesselring, Claude Luezior-Dessibourg, Sylvie Neeman Romascano, Georges Panchard, Wildy Petoud, Jacques-Michel Pittier, Odette Renaud-Vernet, Édouard Rod, Noëlle Roger, Albert Roulier et François Rouiller.

JEAN-FRANÇOIS THOMAS, directeur de la publication


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Un aperçu de l’ouvrage

Préface, par Jean-François Thomas

Édouard Rod L’Autopsie du docteur Z*** (1884)
Michel Epuy Anthéa ou l’étrange planète (1918)
Roger Farney Les Anekphantes (1931)
Albert Roulier La Grande Découverte du savant Isobard (1938)
Léon Bopp Une fable (1940)
Noëlle Roger Les Secrets de Monsieur Merlin (1949)
Jean Villard Gilles Le Feu de Dieu (1950)
Soucoupes volantes (1954)
Les Surhommes (1957)
Les Soudards (1962)
Gabrielle Faure Homo Ludens (1979)
Odette Renaud-Vernet Ce jour-là (1979)
Jacques-Michel Pittier Ego Lane (1980)
Wildy Petoud La Maison de l’araignée (1986)
Rolf Kesselring Martien vole (1988)
Marie-Claire Dewarrat Le Trou (1990)
Bernard Comment Château d’eau (1998)
Claude Luezior-Dessibourg Granules (2001)
Sylvie Neeman Romascano Mais aussi un cadenas, des menottes, une bille et un désir (2003)
François Rouiller Délocalisation (2004)
Georges Panchard Comme une fumée (2004)

Les auteurs, par Jean-François Thomas


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Jean-François Thomas est né en 1952 à Lausanne. Marié, père de deux enfants, il exerce la profession de formateur d’adultes et travaille actuellement dans la réinsertion professionnelle après avoir exercé son activité dans le milieu bancaire. D’abord bibliothécaire, il a obtenu ensuite une licence en lettres à l’Université de Lausanne. Critique spécialisé en littératures de l’imaginaire (science-fiction, fantastique, fantasy), il exerce son activité dans les pages du quotidien 24 Heures depuis 1988, ainsi que dans celles du Passe-Muraille et de la revue spécialisée Galaxies (France). Auteur, il a publié une dizaine de nouvelles, essentiellement dans des anthologies comme Îles sur le toit du monde (Archipel, No 24, 2003), Moissons futures (La Découverte, 2005), ou Ténèbres 2007 (Dreampress.com, 2007). À l’aise aussi dans le récit policier, il est l’auteur d’une pièce radiophonique Le Crime du compactus (1982) et a obtenu un prix pour sa nouvelle Une, deux, trois… dans le recueil Petits meurtres en Suisse (Zoé, 2005). Il a déjà consacré plusieurs études à la science-fiction suisse romande, dont il est un spécialiste reconnu. Enfin, il préside depuis 2002 le conseil de fondation de la Maison d’Ailleurs, le musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires d’Yverdon-les-bains.


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Arpenteurs de chimères

Parlez de science-fiction à l’ex-éditeur Rolf Kesselring et c’est comme s’il retrouvait une ancienne maîtresse... Évidemment, quand Bernard Campiche publie une anthologie historique de science-fiction suisse romande, l’homme bondit!

La SF (Science-fiction) est un genre littéraire que j’ai adoré et que j’aime encore, même si, depuis quelques années déjà, je n’en édite plus et n’en écris plus non plus.
Alors lorsqu’un aficionado suisse décide de produire une anthologie historique de SF suisse romande, je ne pouvais que m’y intéresser et tenter de vous en parler pour aiguiser, ainsi, votre curiosité.
Un éditeur, un anthologiste et dix-huit auteurs
Ce qui m’a le plus étonné dans cette affaire, ce fut de voir ce volume anthologique publié par un éditeur comme Bernard Campiche. Quoi! Est-ce que cela voudrait dire que, désormais, les mauvaises lectures d’antan auraient conquis leurs lettres de noblesses littéraires? Alors on peut en déduire que, comme le disait Bob Dylan, «Les temps changent». Et c’est tant mieux.
Pour réussir ce travail de compilation, il fallait un Jean-François Thomas, une espèce d’extraterrestre, que j’avais croisé, un jour, au seuil d’une porte spatio-temporelle ou dans une dimension inconnue. Je ne sais même plus dans quelle époque des temps cosmiques je l’ai vu pour la première fois. Bref, il fallait un Jean-François Thomas pour tripatouiller l’histoire de la Suisse romande.
Afin d’épaissir le volume, de lui donner une bonne prise en main, il a réuni dix-huit auteurs, d’Edouard Rod à Marie-Claire Dewarat, en passant par Albert Rouiller à François du même nom, de 1884 à 2004. Sans parler d’un certain raton-laveur galactique qui m’étonna moi-même...

Un étonnement cosmique

Je n’ai jamais vraiment compris les frontières entre les pays. Il y a longtemps, lorsque j’étais encore un môme, mes premiers ébahissements émerveillés, mes premières surprises délicieuses, ont eu, comme origines, les différences culturelles. De pays à pays, de contrée à contrée, je me suis bâti assez peu patriote.
C’est ainsi que jamais, en ce qui me concerne, je n’ai mis une nationalité à un artiste. Un peintre est un peintre, un musicien reste un musicien et un écrivain demeure d’abord un écrivain. Simplement. Globalement. Universellement.
Tout cela pour dire que j’ai, aussi, beaucoup de mal à comprendre comment on peut relier des raconteurs d’histoires, des auteurs, des artistes, par une nationalité ou par un pays (une région) où ils seraient nés.
Apparemment Jean-François Thomas ne pense pas comme moi. Il a donc, dans son anthologie de SF, composé un choix d’auteurs bien de chez lui, selon cette notion d’appartenance à une région, un pays, un continent, ou même une galaxie. Je me demande si cette manière de concevoir notre monde ou l’univers ne provoque pas de facto un effet pervers à connotation peut-être xénophobe... Je sais, je sais! Je suis un mauvais esprit. Donc, avant, je ne savais pas qu’il existait une science-fiction suisse, maintenant je suis un peu plus intelligent.
Le patriarche Pierre Versins
Pour comprendre les raisons qui ont poussé Jean-François Thomas dans sa démarche, il convenait de lire sa préface. Dès les premières lignes, il me prouve qu’il a ressenti le même malaise que moi.
Il écrit: «Une anthologie de science-fiction suisse romande. Voilà un projet qui peut sembler bizarre et incongru. Trouverait-on aussi, dans nos contrées, des auteurs assez farfelus pour se livrer à l’exploration d’espaces imaginaires sans craindre la mauvaise réputation attachée à ce genre de littérature, dont aucune étude littéraire en Suisse romande ne parle, si ce n’est au détour d’une phrase ou d’une note égarée en bas de page?»
Alors, Jean-François Thomas, en homme méticuleux, s’est livré à une compilation de dix-huit auteurs qui vécurent dans notre région et qui donnèrent des textes sur une période de plus d’un siècle.
Son outil de travail, poursuit-il, fut l’énorme travail de Pierre Versins, feu pape de la science-fiction, publié par les Éditions de L’Âge d’homme et intitulé: «Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction».
Cet ouvrage monumental comporte 997 pages, pèse plus de trois kilos et a coûté des années de travail à ce petit homme frêle et pugnace qu’était l’ami Pierre. Je le sais, il habitait chez moi, à Montagny-sur-Yverdon (période transitoire dans la vie d’un pape!), lorsqu’il y mettait la dernière main. C’est sur son utopique collection, donnée à la ville d’Yverdon-les-Bains, que s’est construite la Maison d’Ailleurs.

Un travail utile pour l’imaginaire

Bien que je déteste que l’on classe les artistes par régions, pays, nationalités de toutes sortes, je dois reconnaître que le travail de Jean-François Thomas m’a été utile. À plus d’un titre, d’ailleurs.
J’ai appris plein de chose sur des auteurs tel qu’Édouard Rod dont je me souvenais du splendide texte intitulé «L’ombre s’étend sur la montagne». Un texte que m’avait fait lire un grand-père attentif à mes lectures d’enfance. Alors, la nouvelle que notre anthologiste m’a fait découvrir (L’Autopsie du docteur Z***) m’a offert une très agréable surprise de plus.
Et puis, je me suis jeté sur les textes de l’homme de Saint-Saphorin, le célèbre Jean-Villard Gilles. Hors la poésie chansonnière, normale chez cet homme, je me suis régalé en lisant, par exemple ces quelques vers :
Jouez pas avec les planètes
C’est bête, c’est bête!
Faut pas jouer avec le feu
Bon Dieu d’bon Dieu
À l’instar de ce cher Desproges et rendu à ce point de mon article je m’écrie: «Prémonitoires, non?»
Il aurait fallu que je cite tous les auteurs qui apparaissent dans ce recueil. Il aurait fallu que je dise le plaisir de lecture ou de relecture de Gabrielle Faure ou de Georges Panchard, mais la place me manque. Mauvaise excuse, je vous l’accorde!
Pour conclure, je ne vous parlerai sûrement pas du texte d’un certain raton-laveur qui se trouve dans cette anthologie. Texte issu d’un recueil écrit en 1968 et republié par l’éditeur Pierre-Marcel Favre en 1988.
Pour en savoir plus procurez-vous cet ouvrage qui vous fera entrevoir une autre Suisse romande et quelques étoiles...

ROLF KESSELRING, Swissinfo


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Sur nos monts, les ovnis.
En Suisse romande, la science-fiction se porte bien depuis longtemps.


La Suisse nourrit à l’égard de la planète Mars un complexe d’infériorité. Comme si, à l’heure du grand partage, l’Amérique avait eu le rock et la science-fiction, et nous autres la vache et le cor des Alpes. Ces inhibitions sont grotesques. Même Gilles a chanté les Soucoupes volantes, ainsi que le rappelle Défricheurs d’imaginaire.
Cette anthologie de la science-fiction romande réunit dix-sept nouvelles exprimant la vitalité et l’imagination des écrivains conjecturaux helvétiques qui, aux voyages spatiaux et aux robots, préfèrent la dystopie et l’apocalypse – parfois toute simple: c’est comme un jour, y a plus de troisième top...
En 1910, Édouard Rod invente une machine à décoder les pensées post mortem, en 1918 Michel Epuy envoie un explorateur sur Anthea, la planète pétrifiée. Aujourd’hui Wildy Petoud imagine une maison à translation quantique et Georges Panchard la trajectoire d’un citoyen dangereux à force d’être anodin.

ANTOINE DUPLAN, Payot


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De la science-fiction suisse!

Plus de deux cents titres, voilà pour la production suisse romande de science-fiction, selon Jean-François Thomas qui a dirigé cette Anthologie historique de science-fiction suisse romande. Si l’idée peut étonner de prime abord, elle s’avère excellente puisqu’elle permet de découvrir des auteurs oubliés ou de redécouvrir des noms connus sous un angle peu usité. Elle offre aussi une compréhension particulière de l’emploi de la science-fiction dans le contexte historique de chaque époque, particulièrement pendant l’entre-deux-guerres puis dans la mouvance de Mai 1968.
Jean-François Thomas a retenu des textes de dix-huit auteurs allants des pionniers aux contemporains. Mais il complète ce choix par une préface retraçant bien utilement l’histoire de la science-fiction helvétique. On y trouve ainsi la mention d’un écrivain hors norme, Léon Bopp, malheureusement complètement oublié, ou encore le rappel du roman Soft goulag d’Yves Velan, qui a fait date dans les lettres romandes. Oui, l’anticipation, les rapports de la science avec la société, la réalité virtuelle, les dangers technologiques ou encore les dérives totalitaires sont des thèmes traités par les écrivains d’ici.


JACQUES STERCHI, La Liberté


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Les auteurs romands en quête d’Outrepart

Spécialiste bien connu de science-fiction, président du Conseil de fondation de la Maison d’Ailleurs, Jean-François Thomas a conçu et préfacé substantiellement cette magnifique anthologie de science-fiction, digne des grands recueils made in USA.
Cent vingt ans de science-fiction suisse romande en cinq cents pages, qui l’eût cru? Et qui eût cru se passionner pour la lecture de ces vingt et un textes?
L’auteur est de ces passionnés qui surgirent autour du maître Pierre Versins, auteur de la prodigieuse encyclopédie de la SF parue à l’Âge d’homme, qui légua sa fabuleuse collection à l’institution d’Yverdon-les-Bains. Laissant de côté des romans par dizaines, l’anthologiste se borne, dans ce gros recueil, aux nouvelles.
J’ai redécouvert avec plaisir le récit d’Édouard Rod, auteur symboliste qui revient (très) gentiment sur le devant de la scène et celui de Michel Epuy dont le narrateur visite une comète découverte par mon ancêtre, l’illustrissime savant Lador. Il fallait, avant la globalisation, une stimulation pour que les auteurs s’attaquent à la SF et qu’ils soient publiés, une mode et il y en a eu plusieurs vagues que l’auteur détaille dans son introduction éclairante. On ne lit plus guère Léon Bopp ni Noëlle Roger qui connurent leur heure de gloire et que l’on retrouve ici avec plaisir.
J’ai découvert avec émerveillement le texte de Roger Farney, Les Anekphantes, entendez les non-révélés, les imperceptibles, qui sent son nouvel âge, tentative réussie et difficile de peindre une espèce de vie parallèle aussi différente que possible, pure énergie, éternelle, indécelable, et sa découverte… des hommes.
De nombreux contemporains ont abordé le genre, la littérature romande jamais ne fut enclavée. Plusieurs sont édités à Paris, Sillig, Panchard, sans compter les nouvelles dans la revue Galaxies.
Ce sera l’occasion pour le lecteur de découvrir parfois que ses auteurs favoris ont écrit de la SF qu’il a lue peut-être à son insu, comme une curiosité, alors qu’il s’agit d’une façon détournée et efficace d’aborder la réalité. Citons Gabrielle Faure, Odette Renaud-Vernet, Marie-Claire Dewarrat, Sylvie Neeman Romascano, auteures littéraires bien connues, ajoutons celle qui mériterait de l’être, Wildy Petoud, à la pointe, dans cette nouvelle, de ce qu’on nomme la fiction spéculative la plus déjantée, ne serait-ce que pour montrer que les femmes écrivent aussi de la SF.
Beaucoup d’humour, en particulier chez Rolf Kesselring, Bernard Comment, une maîtrise parfaite chez François Rouiller et Georges Panchard, pro de la SF.
N’oublions pas quelques poèmes-chansons satiriques de Gilles.
Enfin dix-huit auteurs qui vous feront passer quelques heures agréables en vous démontrant que la Suisse romande compte des écrivains remarquables même dans ce genre humain, trop humain qu’est la SF.
Un petit dictionnaire pour auteurs, utile pour jeter des passerelles entre SF et littérature générale, ce que les Anglo-Saxons appellent mainstream, et mieux situer les choses, conclut le volume.

PIERRE-YVES LADOR, Le Passe-Muraille


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À l'heure où la SF française tente de s'ouvrir de nouvelles perspectives avec Retour sur l'horizon, la SF suisse se souvient de son passé. Le sous-titre de cette anthologie ne laisse en effet guère place au doute: «une anthologie historique de science-fiction suisse romande». Historique étant à prendre avec un double sens: il s'agit en effet d'un volume présentant l'histoire de la SF suisse romande depuis le premier texte que l'anthologiste, Jean-François Thomas, situe en 1746, jusqu'à nos jours; mais il s'agit aussi de la première anthologie à être ainsi constituée, et non seulement d'inédits, comme les trois qui l'ont précédée.
Car oui, cela peut surprendre, mais la SF suisse romande représente un corpus assez limité: 4 anthologies, donc, mais un volume d'environ 200 livres au total, ce qui, convenons-en, fait peu. Mais cela suffit pour en extraire des chefs-d'œuvre, des textes importants, et des auteurs majeurs. C'est ce à quoi s'attelle Jean-François Thomas dans sa très convaincante préface: brosser un tableau aussi complet que possible des auteurs, des œuvres, des thématiques et des spécificités de la SF suisse romande. Thomas ayant conclu en 1985 ses études de Lettres par un mémoire sur le sujet, son avis fait autorité. Complet, son panorama se complète en fin d'ouvrage d'un dictionnaire des auteurs retenus particulièrement fouillé. Rien que pour ça, Défricheurs d'imaginaire vaut l'achat.
Mais venons-en aux textes: 18 auteurs, pour 17 nouvelles et 4 chansons (de Jean Villard dit Gilles) qui s'étendent de 1884 à 2004. Avec quelques noms connus (Rouiller, Panchard, Petoud, Kesselring), et beaucoup d'inconnus.
Le début de l'anthologie se compose d'histoires au charme suranné: l'autopsie d'un mort dont le cerveau survit une dizaine de jours au décès physique (Édouard Rod), une visite à une planète étrange (Michel Epuy, pour un magnifique texte déjà sélectionné par Serge Lehman pour Chasseurs de Chimères), ou les effets pervers d'une bonne prévision météo sur la population (Albert Roulier). Mais c'est le récit de Roger Farney, «Les Anekphantes» qui surprend: la description très fouillée et très réussie d'une espèce résolument autre... pour une nouvelle écrite en 1918! Et comme le sujet d'étude de cet extra-terrestre se trouve être l'Homme, cela se double d'une réflexion passionnante sur la nature humaine. Ébouriffant.
Viennent ensuite les deux écrivains majeurs de la SF suisse: Léon Bopp, auteur du monumental Liaisons du monde (1938-1944) avec une fable sur la course aux armements, et Noëlle Roger, qui publia essentiellement entre les deux guerres, dont le personnage découvre la télévision et les ondes longue distance.
Après que Gabrielle Faure nous ait présenté un futur pas drôle du tout où le rire est obligatoire, Odette Renaud-Vincent nous fait vivre une fin du monde suisse, sans effet spéciaux. L’humour prend ainsi ses aises, ce que confirme le conte de la création – revisité façon texte à chute de Fredric Brown – de Jacques-Michel Pittier. L’hommage à l’auteur américain est encore plus apparent dans la nouvelle de Rolf Kesselring, où un Martien minuscule tente de venir en aide à un voleur pour mieux l’envoyer en prison. Mais le mieux, en matière d’humour, est à venir avec «Château d’eau» de Bernard Comment, où la Suisse, source de 4 fleuves européens importants, décide par mesure de rétorsion de couper l’écoulement de ceux-ci... de telle sorte que le niveau d’eau monte peu à peu jusqu’à inonder le pays! L’humour, délicate qualité suisse, imprègne ainsi régulièrement la SF de ce pays et donc le présent ouvrage.
Ailleurs, on aura pu relire avec plaisir Wildy Petoud, auteure exigeante, styliste accomplie, comme le prouve ce texte déjanté, son premier publié, mais qui a malheureusement eu une carrière assez météorique et a depuis complètement disparu. La nouvelle de Marie-Claire Dewarrat sur une population enterrée qui revient à la surface contient ce qu'il faut de moments poignants pour faire oublier qu'on a déjà lu ce type d'histoire mille fois. Enfin, les quatre derniers textes nous permettent de passer au XXIe siècle: Claude Luezior-Dessibourg, avec son récit de pilules qui révolutionnent la société, et Sylvie Neeman-Romascano qui nous gratifie d'un long poème en prose en forme de lettre. François Rouiller confronte un journaliste cynique à la recherche du scoop à une famille marquée par une tragédie liée aux dons de télékinésie de la fille et Georges Panchard réussit le mélange entre L'homme invisible de H.G. Wells et Dead Zone de Stephen King.
Au final, mission accomplie (avec les félicitations du jury) pour Jean-François Thomas: son anthologie dresse un bilan flatteur de la SF suisse, en nous donnant à lire quelques très grands textes, et en levant le voile sur ce continent quasi-inconnu qu'était jusqu'à présent la SF suisse romande.

BRUNO PARA, http://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146572741


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Existe-t-il une science-fiction suisse? On concèdera bien volontiers que depuis la création de la Maison d’Ailleurs, musée unique en son genre, la Suisse est devenue une terre de science-fiction. Mais s’il fallait à la plupart d’entre nous citer cinq écrivains helvètes ayant contribué de manière notable à la S-F francophone, nous serions sans doute passablement embêtés. L’anthologie de Jean-François Thomas vient à point nommé pour combler cette lacune en proposant un survol chronologique du genre s’étendant sur plus d’un siècle, de 1884 à 2004.
Les premiers textes figurant au sommaire de Défricheurs d’imaginaire sont sans doute les plus intéressants, et pas nécessairement pour leur rareté. On retrouve d’ailleurs parmi eux «Anthéa ou l’étrange planète» de Michel Épuy (1918), nouvelle précédemment exhumée par Serge Lehman pour son passionnant Chasseurs de chimères (Éditions Omnibus) consacré à l’anticipation scientifique française d’avant-guerre. Il s’agit de l’exploration extrêmement vivante d’une planète amenée à proximité de la Terre dans le sillage d’une comète.
Du coup, la palme de la (re)découverte la plus intéressante de l’anthologie revient à «Les Anekphantes» de Roger Farney, court roman de 1931 décrivant une forme de vie microscopique, sortes de cellules intelligentes organisées au sein d’une société symbiotique. Après avoir étudié en détail le mode de vie de ces créatures, l’auteur adopte leur point de vue pour observer notre propre monde, radicalement différent, dont il va indirectement souligner les insuffisances et les incohérences. Même si l’écriture de Farney est un poil trop ampoulée pour être attrayante, «Les Anekphantes» n’en constitue pas moins une lecture étonnante et originale, qui mérite d’être découverte.
Texte le plus ancien du recueil, «L’Autopsie du Docteur Z***» d’Édouard Rod (1884) ne s’appuie sur un élément pseudo-scientifique (l’idée que le cerveau cesse progressivement de fonctionner après le décès de son propriétaire) que pour justifier le fait que le narrateur de ce récit soit mort. L’adoption d’un tel point de vue permet à l’écrivain de signer une belle nouvelle, mélancolique et apaisée, mais qui aurait tout aussi bien pu se passer de son alibi science-fictif.
Les textes plus récents sont soit anecdotiques, soit mauvais. «La Grande découverte du savant Isobard» d’Albert Roulier (1938) imagine sur un ton ironique les conséquences inattendues qu’entraînerait la possibilité de prévisions météorologiques infaillibles. «Les Secrets de Monsieur Merlin» de Noëlle Roger (1949) est une histoire d’amour mièvre au cours de laquelle l’auteur décrit le fonctionnement d’un appareil de télévision révolutionnaire; quant à «Une Fable» de Léon Bopp (1940), il s’agit d’un conte à vocation humoristique, versant assez vite dans l’hystérique, et d’une lecture particulièrement pénible à force de triturations lexicales sans queue ni tête.
On pourrait a priori s’étonner qu’à l’exception de quelques chansons signées Jean Villard, Jean-françois Thomas n’ait retenu aucun texte entre 1949 et 1979. En réalité, il s’agit d’une période d’hibernation pour la science-fiction suisse, comme tend à le montrer le peu d’œuvres parues alors, en particulier dans les années 50 et 60 (l’anthologiste en recense moins d’une dizaine). Trente ans de quasi-silence d’autant plus étonnant que, de ce côté-ci de la frontière, il s’agit au contraire d’une époque cruciale, fondatrice. Rien n’explique que les écrivains suisses se soient à ce point désintéressés du sujet pendant aussi longtemps.
Les années 80-90 sont nettement plus fournies, mais le plus souvent il s’agit de nouvelles parues en dehors des revues et collections spécialisées, écrites par des auteurs de littérature générale optant volontiers pour une science-fiction allégorique qui leur permet de dénoncer tel ou tel travers de notre société. On y trouve quelques textes réussis, comme «Ce Jour-là» d’Odette Renaud-Vernet, une fin du monde tout en douceur, ou «Château d’Eau» de Bernard Comment, comédie absurde dans laquelle la Suisse construit un mur à ses frontières pour empêcher ses fleuves d’irriguer les pays voisins et finit noyée. Les autres ont le défaut rédhibitoire de vouloir réinventer la roue et manient divers poncifs du genre sans même en avoir conscience.
Parmi les noms plus familiers des lecteurs de S-F, on retrouve avec plaisir Wildy Petoud par le biais de «La Maison de l’Araignée», sa première nouvelle retenue à l’époque (1986) par Philippe Curval pour son anthologie Superfuturs (Denoël «PdF»). Relire ce texte ne peut que nous faire regretter sa disparition du paysage éditorial depuis plus de dix ans maintenant. Rolf Kesselring, dont on se souvient surtout pour son travail d’éditeur qui offrit un support à la S-F politique française de la fin des années 70, figure lui aussi au sommaire avec «Martien vole», une nouvelle évoquant fortement le Martiens go home de Fredric Brown, sans parvenir à se hisser au même niveau de drôlerie hélas.
L’anthologie s’achève sur deux textes parus en 2004, signés respectivement François Rouiller et Georges Panchard. Le premier, «Délocalisation», développe une idée de science-fiction tout à fait intéressante (une expérience scientifique a bouleversé les lois de la physique et indirectement amené à la naissance de mutants) mais souffre d’une écriture pataude, en particulier dans la description de ses personnages. «Comme une fumée» en revanche est maîtrisé de bout en bout, décrivant la vie d’un personnage doté d’un talent unique qu’il gâchera de façon lamentable. Panchard est sans conteste l’auteur suisse le plus doué à l’heure actuelle, dommage qu’il soit si rare.
Défricheurs d’imaginaire, de par sa nature même, est une anthologie très inégale,  mais atteint son but en embrassant une vaste période et une grande variété de styles. Le travail de Jean-François Thomas mérite d’être salué, autant pour sa sélection que pour le paratexte qui encadre ces nouvelles. Son histoire de la science-fiction suisse qui constitue la préface de ce livre est fort complète et permet de resituer les œuvres choisies dans leur contexte tout en élargissant son sujet d’étude aux romans. Sa présentation des auteurs est sans doute exagérément laudative, mais on choisira d’y voir la marque de son enthousiasme, qualité indispensable pour mener à bien un tel projet. Mission accomplie.

PHILIPPE BOULIER, Bifrost


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Défricheurs d’imaginaire,
une anthologie historique de science-fiction suisse romande sous la direction de Jean-François Thomas

S’avisant que la Science-Fiction suisse, et plus précisément romande, était fort mal connue des lecteurs, Jean-François Thomas a eu l’excellente idée de réunir une anthologie historique dans laquelle il publie les meilleurs – ou les plus caractéristiques – des textes du genre publiés durant une période s’étendant de la fin du XIXe siècle (1884) au début du XXIe (2004). Il permet ainsi de (re)découvrir des écrivains tombés dans l’oubli ou des auteurs contemporains. Cette anthologie est un véritable ouvrage de référence grâce – entre autres – à une préface copieusement documentée qui retrace l’histoire de l’Imaginaire suisse.
Tout naturellement, les premières nouvelles séduisent surtout par un charme désuet, des thèmes qui rappellent Frankenstein - «L’Autopsie du docteur Z***», d’Edouard Rod, décrit un cerveau qui survit à la mort de son «propriétaire» - ou encore certains textes de Rosny aîné à qui, d’ailleurs, Michel Epuy dédie son «Anthea ou l’étrange planète». Si pour ma part je suis restée insensible à la lecture de la novella (comme on dirait maintenant) de Roger Farney, «Les Anekphantes», force m’est de reconnaître que l’étude de l’espèce humaine d’un point de vue extraterrestre en 1931 révèle une ouverture d’esprit à laquelle on ne s’attend pas à cette époque. Ouverture d’esprit ou, plus exactement, esprit critique distillé avec pertinence et humour, qu’on retrouve dans la majorité des textes par la suite. Cela est-il dû au choix particulier de l’anthologiste ou bien est-ce une caractéristique de la SF suisse romande ? Plusieurs nouvelles sont des paraboles destinées à avertir, à décrire des situations ubuesques, mais très réelles. La nouvelle d’Albert Roulier se moque gentiment des prévisions/prédictions météorologiques, celle de Noëlle Roger est une transposition inattendue de l’amour que l’inventeur/enchanteur Merlin éprouva pour la fée Viviane/son épouse Éliane. Léon Bopp raconte une étrange leçon d’histoire des royaumes d’Eucalie et de Mégalée, quelques poèmes de Jean Villard Gilles exposent naïvement les craintes des habitants de la Terre en pleine guerre froide.
Dans les textes suivants, l’humour est encore là, mais teinté d’ironie douce-amère. L’autodérision prédomine: les nouvelles de Gabrielle Faure et d’Odette Renaud-Vernet caricaturent la fameuse précision suisse. Il est question de montres et de pendules, d’horaires et de retards inadmissibles. D’enfermement, aussi, beaucoup. De façon hilarante, avec Rolf Kesselring et son «Martien vole» où Prosper-le-Martien rend visite à un cambrioleur dans sa cellule. De façon poignante avec Marie-Claire Dewarrat dont «Le Trou» relate l’épopée des survivants d’une apocalypse, rampant hors des abris souterrains où ils s’étaient réfugiés. La Suisse est un pays enclavé, traditionnellement neutre, mais, dans «Château d’eau», Bernard Comment imagine que si elle rentrait en conflit avec ses voisins européens, elle pourrait couper l’écoulement des quatre grands fleuves dont elle détient la source, quitte à risquer l’inondation de tout son territoire. Claude Luezior-Dessibourg imagine un avenir abominable où l’alimentation est remplacée par des granules, et où le chocolat reste à réinventer, et Sylvie Neeman-Romascano écrit la très belle lettre d’une archéologue à sa fille, dans un futur au méchant goût de retour en arrière.
Par définition, dans une anthologie, les textes sont variés et chaque lecteur aura ses préférés. Pour celle-ci et pour moi, c’est net: ce sont les deux derniers. François Rouiller (qui signe aussi le superbe couteau suisse-imaginaire de la couverture) met en scène un journaliste envoyé interviewer une jeune femme dont le pouvoir (elle peut délocaliser des objets) a bouleversé sa vie et celle de sa famille – le personnage, antipathique et raté, donne tout son sel à cette histoire tragique et mystérieuse. Enfin, dans un long texte précédemment paru dans Galaxies (comme d’ailleurs la nouvelle de Rouiller), Georges Panchard raconte l’histoire d’un jeune homme qui, depuis sa plus tendre enfance, est affligé d’un don cruel: celui d’être oublié, non-vu, transparent pour ceux qu’il croise. Pour pallier l’ennui, il prend l’habitude de menacer d’une arme des hommes politiques lors de meetings, sans être jamais vu. Je défie quiconque de sortir de cette lecture blasé.
Pour clore l’anthologie, le dictionnaire d’auteurs donne les références des autres œuvres des auteurs sélectionnés pour ces cent vingt années de Science-Fiction suisse romande. Ceci est une excellente chose, car ce panorama ouvre l’appétit et donne envie d’y revenir!

LUCIE CHENU, Galaxies – nouvelle série – No 7/49, hiver 2010, pp. 172-173


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Le couteau suisse de la science-fiction

La science-fiction suisse francophone, ça existe? Oui! la preuve par Jean-François Thomas, spécialiste des littératures de l’imaginaire et que le monde merveilleux de ces publications retrouve avec plaisir de festival en festival, à Épinal par exemple. Jean-François Thomas n’est pas seulement un agréable camarade, c’est aussi un excellent anthologiste. Et, en bon Helvète qu’il est, il s’est intéressé à l’histoire suisse de ses littératures de prédilection. Dix-huit auteurs pour dix-sept nouvelles et quatre chansons des années cinquante (de Jean Villard Gilles). Et c’est une découverte. D’abord parce que, à part deux ou trois auteurs contemporains, les autres sont de parfaits inconnus. Pour moi en tout cas. Ensuite parce que, dans les plus de 500 pages de l’anthologie, certaines sont indubitablement à lire.
Celles de Michel Épuy, «Anthéa ou l’étrange planète», datées de 1918, qui fait très Rosny Aîné. Celles de Roger Farney, «Les Anekphantes», de 1931, qui brille plus par son point de vue que par son écriture; c’est une espèce extraterrestre qui regarde les humains vivre. Ou celles de Bernard Comment, «Château d’eau», qui imagine que la Suisse coupe l’alimentation des grands fleuves qui passent par là, asséchant ainsi les zones limitrophes des pays étrangers devenus ennemis, mais, en même temps, inondant le pays.
Je me rappelle avoir lu, il y a longtemps, la nouvelle de Wildy Petoud, «La Maison de l’araignée», parue en 1986. Un texte de SF spéculative et déjantée, qui se passe dans la tête et pas dans les étoiles, et que, je l’avoue, j’ai vraiment eu beaucoup de mal à apprécier aujourd’hui.
Par contre, les deux dernières nouvelles du recueil sont indubitablement réussies. «Délocalisation» (2004) de François Rouiller et surtout «Comme une fumée» (2004 aussi) de Georges Panchard. Le héros de Panchard est affligé d’un don/maladie cruel/le: il est transparent au regard des autres. Il s’en sert, bêtement, pour menacer des hommes politiques lors de meetings. Une lecture dont on ne sort pas indemne. Et qui clôt bellement une anthologie où tout n’est sans doute pas passionnant pour le lecteur contemporain, mais où tout est intéressant pour celui que l’histoire de la SF, suisse ou autre, captive.

JEAN-CLAUDE VANTROYEN, Le Soir


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Défricheurs d’imaginaire

Utopie ou dystopie, la science-fiction est peu connue. Il a fallu à J.-F. Thomas un travail considérable de recherche pour nous en donner un panorama qui va de 1884 à 2004 et pour choisir dix-huit auteurs et leurs courts récits.
Le plus ancien (1884, L’Autopsie du docteur Z) imagine l’esprit survivant pendant quelques jours après la mort et assistant à ses propres funérailles et aux considérations imprudentes pour ne pas dire impudentes des héritiers.
En se projetant dans l’avenir, plusieurs auteurs supposent les effets souvent pervers d’une science mal encadrée et qui se développe au détriment des sentiments les plus précieux de l’être humain. Qu’on nous invente un monde où l’on peut vivre sans travailler, ou bien se nourrir de pilules, ou encore sombrer dans la folie de la psychokinésie, il n’y a pas d’autres solutions que de se transformer en robots pétris d’ennui.
Un autre récit (Château d’eau) trouve avec un humour féroce une solution à l’impossible position de la petite Suisse au milieu de ses grands voisins.
Et Gilles! «La science s’en mêle, fignole et perfectionne les engins de mort. On va à grands pas vers un retour à l’âge des cavernes. La caste infantile mais toujours puissante des militaires fait pression sur les gouvernements qui jouent avec le feu.» Et quelques savoureux poèmes: «Le Feu de Dieu» – «Soucoupes volantes» – «Les Surhommes» – «Les Soudards» – il nous conte «les héros, tout bêtes» qu’un progrès mal compris façonnera. L’idée n’est pas réjouissante, mais l’expression toujours aussi délectable.
Un livre intéressant, avec une longue histoire de la science-fiction romande en préface et des notes bibliographiques pour chacun des écrivains.

JULIETTE DAVID, Suisse Magazine


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Magnifique anthologie de science-fiction, digne des grandes anthologies made in USA. Cent vingt ans de science-fiction suisse romande en cinq cent pages, qui l’eût cru ? Et qui eût cru être passionné par la lecture de ces vingt et un textes?
Le directeur, spécialiste bien connu de science-fiction, préside le conseil de fondation de la Maison d’ailleurs, il est de ces passionnés qui surgirent autour du maître Pierre Versins qui légua sa collection à Yverdon-les-Bains et rédigea la prodigieuse encyclopédie de la SF parue à l’Âge d’Homme. Laissant de côté les romans, des dizaines, il se borne, dans ce recueil, aux nouvelles.
J’ai redécouvert avec plaisir le récit d’Édouard Rod, auteur symboliste qui revient gentiment sur le devant de la scène et celui de Michel Epuy dont le narrateur visite une comète découverte par mon ancêtre le grand savant Lador. Il fallait, avant la globalisation, une stimulation pour que les auteurs s’attaquent à la SF et qu’ils soient publiés, une mode et il y en a eu plusieurs vagues que l’auteur détaille dans son introduction éclairante.
J’ai découvert avec émerveillement le texte de Roger Farney, les anekphantes, entendez les non-révélés, qui sent son nouvel âge, tentative réussie et difficile de peindre une espèce de vie parallèle, pure énergie, éternelle, indécelable et qui découvre… les hommes.
De nombreux contemporains ont abordé le genre, la littérature romande jamais ne fut enclavée. Beaucoup sont édités à Paris.
Ce sera l’occasion pour le lecteur de réaliser parfois que ses auteurs favoris ont écrit de la SF qu’ils ont lu peut-être à leur insu, comme une curiosité alors qu’il s’agit d’une façon efficace d’aborder la réalité. Citons Gabrielle Faure, Odette Renaud-Vernet, Marie-Claire Dewarrat, Sylvie Neeman Romascano, bien connues auteurs littéraires, ajoutons celle qui mériterait de l’être, à la pointe, dans cette nouvelle, de ce qu’on nomme la fiction spéculative la plus déjantée, Wildy Petoud, ne serait-ce que pour montrer que les femmes écrivent aussi de la SF.
Beaucoup d’humour, en particulier chez Rolf Kesselring, Bernard Comment, une maîtrise parfaite chez François Rouiller et Georges Panchard, pro de la SF.
N’oublions pas quelques poèmes chansons satiriques de Gilles.
Dix-huit auteurs qui vous feront passer quelques heures agréables en vous démontrant que la Suisse romande compte des écrivains efficaces même dans ce genre humain, trop humain qu’est la SF.
Un petit dictionnaire des auteurs utile pour tisser des passerelles entre SF et littérature générale, ce que les Anglo-saxons appellent main stream et mieux situer les choses, termine le livre.


PIERRE YVES LADOR, culturactif.ch

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Préface (Acrobat, 84 Ko)

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