ANTONIN MOERI

LE SOURIRE DE MICKEY

Nouvelles
300 pages. Prix CHF 38.–
ISBN 2-88241-131-6, EAN 9782882411310


Venez guetter l’ironie de l’histoire
Revoilà Antonin Moeri dans un ensemble de nouvelles d’intrigante allée:
Le Sourire de Mickey. Fameux.

De sacrées balades, et d’étonnantes traversées, ces histoires qui passent dans le huitième livre d’Antonin Moeri, Le Sourire de Mickey. Et vous n’avez pas fini de vous laisser prendre à leurs énigmatiques foulées, comme au jeu de leur ironique distance…
Voyez plutôt tandis que vous avancez dans ces rencontres. Là un homme et une femme qui gardent leur secret dans l’alentour d’un monde aseptisé et cependant de sourde violence, ici cette femme qu’on pourrait croire décidée et qui d’un coup virevolte, plus tard cet homme qui longtemps se confie dans une nuit de commissariat…
De la vie imprévue. Suspendue. Qui tourne drôle.

JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, Coopération


Antonin Moeri poursuit, depuis bientôt une quinzaine d’années, un travail littéraire des plus singuliers dont l’évolution constante et l’ouverture progressive, du solipsisme exacerbé de ses premières autofictions (Le Fils à maman, L’Ile intérieure et Les Yeux safran) à l’observation élargie par les nouvelles d’Allegro amoroso (gratifiées d’un Prix Schiller) et à l’avancée plus marquante encore de Paradise Now, aboutissent aujourd’hui à un livre foisonnant, drôle et tendre, où l’esprit critique appliqué au Brave New World actuel se distribue d’une façon qui rompt avec toute convention, qu’elle relève du «politiquement correct» ou de son contraire.

JEAN-LOUIS KUFFER, Le Passe-Muraille


Les narrateurs eux-mêmes sont de drôles d’animaux. La plupart ont pris la fâcheuse habitude de ne pas terminer leurs histoires, ce qui classe beaucoup de textes de Moeri dans la catégorie des portraits ou des scènes de vie quotidienne plutôt que dans celle des nouvelles au sens strict, avec chute qui clôt définitivement l’histoire. Ici, souvent, la fin n’en est pas vraiment une. L’auteur reconnaît volontiers, sans se l’expliquer, que, parfois «les chutes sont abruptes». Il utilise une comparaison avec la musique: «C’est un peu comme dans la musique contemporaine: tout à coup ça s’arrête. »
L’ironie est très souvent au rendez-vous. Si Antonin Moeri avoue «un côté plutôt germanique et sérieux», il se soigne dans ses livres: «Dans celui-ci plus encore que dans les précédents, dit-il, je me suis efforcé d’être léger, même lorsque je racontais des histoires qui ne l’étaient pas forcément.» Exercice réussi, on se surprend souvent à sourire en lisant ces histoires peuplées d’individus parfaitement «cruels et sadiques».

CHARLY VEUTHEY, La Gruyère


Observateur attentif et détaché, l’écrivain décrit ses personnages comme les acteurs en représentation d’une comédie sociale cruelle, où il s’agit pour survivre d’être «flexible», car ceux qui ne s’adaptent pas sont rapidement exclus – ce qu’expriment jusque dans leur titre les deux textes intitulés S’en aller et Raus! Mais il le fait sans prendre parti, sur le ton d’un constat. Comme si un «sentiment d’incertitude lui interdisait de porter un jugement». De même qu’elles commencent parfois sur une mauvaise plaisanterie («La lune est un astre […] alors que toi, t’es un désastre»), ces histoires n’ont pas de vraie fin, elles se terminent sur un point d’interrogation ou une considération incongrue. Sauf peut-être Mammy blue, la dernière nouvelle, qui renvoie d’un seul mot l’aîné des frères Pittet à la place du cadet mal-aimé.

ISABELLE MARTIN, Le Temps