UN VOYAGE EN SUISSE

Récits des cantons
édités par Dirk Vaihinger
Texte français: François Conod
2013. 296 pages. Prix: CHF 35.–
ISBN 978-2-88241-315-4


Biographie

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On sait que la Suisse est faite de régions, de conceptions et de langues diverses. Il fallait un livre comme celui-ci pour en donner une image plus profonde.
Il s’agit tantôt de souvenirs personnels, tantôt de mémoires d’une époque. On passe des descriptions caillouteuses des paysages de montagne aux pensées inavouées et à tous les non-dits qui empoisonnent l’existence.
Mais on y trouve aussi dans une très brève histoire («L’Adieu aux abeilles») toute la communion de l’auteur avec la nature ou dans «Oncle Ruedi et les sirènes» l’appel du monde avant que la vie sans charme reprenne le dessus.
Il s’agit, pour les cantons de langue allemande ou italienne, d’auteurs récents et parfois peu connus des lecteurs de langue française. C’est une excellente occasion de faire un peu leur connaissance.


JULIETTE DAVID
, Suisse magazine

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Ni itinéraires ni bonnes adresses, ce Voyage est immobile! Empruntées à vingt-cinq auteurs suisses (dont des Alémaniques peu traduits), ces nouvelles tissent une carte étonnante de la Suisse, où curieusement le monde entier semble s'être donné rendez-vous, dans ce recueil aux frontières élastiques qui étend la Confédération jusqu'au Portugal, à Berlin ou Odessa…

Marie-Claire, édition suisse

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Trois titres publiés cette année à Orbe par Bernard Campiche, une anthologie et deux recueils d’auteurs suisses

Le premier, Un Voyage en Suisse. Récits des cantons (295 pages), affiche l’ambition avouée d’offrir «une mosaïque créatrice, une carte géographique narrative, un miroir de l’activité littéraire en Suisse», à raison d’un texte (paru après 1982) et d’un auteur par canton de la Confédération, de A à Z…
Malgré des choix subjectifs, ici ou là discutables, l’entreprise est réussie. Certains auteurs, comme Maurice Chappaz, Anne Cuneo, Jacques Chessex, Peter Bichsel ou le Tessinois Alberto Nessi, sont bien connus du lectorat helvétique. Bien d’autres sont à découvrir.
On est en droit de s’interroger sur l’existence de critères qui permettraient de définir une «littérature suisse». Sans doute certains dénominateurs communs apparaissent-ils en cours de lecture: l’évocation fréquente de la mort, tantôt sereine, tantôt tragique; le goût des atmosphères étranges, aux confins du fantastique (héritage de Jeremias Gotthelf?); une forte présence de la nature, souvent menacée voire violée par le tourisme et le bétonnage; la nostalgie d’une jeunesse passée à l’époque des Sixties, avec la musique et les joints qui l’accompagnaient; une vision souvent ironique ou critique de la Suisse, «un pays pour vieux, beaucoup trop ordonné et beaucoup trop propre», comme l’écrit le Zurichois Charles Lewinsky; d’autres textes s’ouvrent sur l’ailleurs, l’étranger, le monde.
Cependant, cette série de récits offre une telle variété d’écritures, de sujets et d’atmosphères que toute tentative d’énoncer des critères de «suissitude» s’avère rapidement vaine. On lira avec intérêt, et souvent avec plaisir, ce recueil qui offre un véritable kaléidoscope de la production littéraire dans notre pays.
Encore chéri! (157 pages) d’Antonin Moeri contient, entre autres, la nouvelle éponyme. Au cœur de chacune d’entre elles, quelque chose bascule: par exemple, les lettres d’amour qu’envoie un jeune adolescent à la fille d’un notable sont interceptées par les parents de cette dernière.
Ou encore, la narratrice du récit intitulé «Le Figurant» se débarrasse du bellâtre dont le corps l’a un moment séduite. Tel individu solitaire rencontré dans un café a-t-il tué sa mère handicapée? Les récits d’Antonin Moeri mettent volontiers en scène des marginaux, des personnages étranges ou inquiétants, dont le destin est parfois inspiré par des faits divers réels. On bascule souvent de l’apparente banalité vers le crime, accompli ou rêvé.
Le regard du narrateur est toujours distancié. La langue est claire, précise, sans effets de style apparents. Il peut s’y glisser une touche poétique, comme dans la belle évocation de Paris dans «Ville Lumière», qui fait un peu songer à Patrick Modiano.
Enfin le recueil Loin de soi (173 pages), de Silvia Härri, a bien mérité le prix Georges-Nicole 2013. Il séduit d’abord par la beauté de sa langue: «Il aime la neige, cette couche trompeuse sur la surface des choses qui masque les aspérités comme un rideau tiré sur la vérité.»
Surtout, ces récits sonnent juste, à l’image de ceux de la regrettée Yvette Z’Graggen. Ils mettent en scène tous les âges de la vie, de l’enfance à l’EMS. On notera, dans «Carnet de voyage», un étonnant télescopage de dialogues surpris dans le train, avec leurs parlers divers. Ou encore l’inattendu «Le Nom du père», où l’on découvre que le narrateur est… un tableau de la Renaissance.
On sent chez l’auteure une réelle empathie avec ses personnages, mais aussi un rapport profond avec la nature, les animaux. On est souvent dans l’ambiguïté des sentiments: ainsi, dans «Rature», ce rapport entre une psychothérapeute et sa jeune patiente: qui en réalité a besoin de qui? Tout cela compose une œuvre attachante, profondément littéraire, sans pourtant sentir la «littérature».


PIERRE JEANNERET
, Domaine public

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Voyage littéraire à travers la Suisse

Un recueil édité par Bernard Campiche propose un panorama des littératures cantonales contemporaines

Entreprise intéressante, originale, et risquée, que celle initiée en Suisse alémanique et reprise par l’éditeur Bernard Campiche. L’ambition avouée du recueil est d’offrir «une mosaïque créatrice, une carte géographique narrative, un miroir de l’activité littéraire en Suisse». De A (Appenzell) à Z (Zurich), voici vingt-cinq courts récits, tous parus après 1982. Un par canton, avec une double exception: deux nouvelles pour les Grisons (écrites originellement l’une en allemand, l’autre en romanche), et pour Zurich, le grand canton de la Confédération. Sans doute les choix, forcément subjectifs, sont-ils ici ou là discutables. On pourra s’étonner par exemple qu’Anne Cuneo, dont le grand talent n’est pas en cause, représente… Genève. Si certains noms – comme ceux de Maurice Chappaz, Jacques Chessex, Peter Bichsel ou Alberto Nessi – sont bien connus, qui en Suisse romande a déjà entendu parler du Saint-Gallois Peter Weber ou du Thurgovien Beat Brechtbühl? Le recueil offre donc aussi le plaisir de la découverte. Certes, quelques-uns de ces écrits sont très «littéraires», au sens élitiste, voire abscons, du terme. Mais nombreux sont ceux qui, outre la qualité de leur langue ou l’émotion qu’ils suscitent (comme «Agnès» de Charles Lewinsky ou «Cacahuètes» de Ruth Schweikert), offrent une image ou plutôt des images de la Suisse. Existe-t-il entre ces textes des dénominateurs communs? On pourrait avancer un certain goût de la nouvelle intimiste; l’évocation fréquente de la mort, comme celle de l’ingénieur Louis Favre en plein percement du Gotthard (racontée par l’Uranais Martin Stadler), celle évoquée par le Jurassien Alexandre Voisard dans «L’adieu aux abeilles», ou encore celle, cruelle, dans le glaçant récit «La leçon de natation» de l’Appenzelloise Helen Meier; des atmosphères parfois étranges, où l’on reconnaît peut-être le legs de Jeremias Gotthelf; une très forte présence de la nature et notamment des montagnes, tantôt vierges comme dans un tableau de Segantini, tantôt déflorées par la technique, le tourisme, et le bétonnage qui l’accompagne; une nostalgie, chez les auteurs, de leur jeunesse passée, qui se situe souvent autour de 1968, au son de la musique des Pink Floyd et dans les effluves des joints (à Coire avec Silvio Huonder), une nostalgie qui revient parfois à la surface dans des flash-back (au cours d’une escalade dans «Le temps des lunules» du Glaronnais Emil Zopfi); un intérêt pour les problèmes de société (à travers un squat libertaire chez Anne Cuneo), enfin une vision souvent critique, teintée d’ironie, d’une Suisse vue comme «un pays pour vieux, beaucoup trop ordonné et beaucoup trop propre» (Charles Lewinsky). Un pays qui découvre dans les années 1960 les joies de la consommation et des interminables tours en bagnole, déjà immortalisés par le cinéaste Henry Brandt dans un petit film-choc présenté à l’Expo 64 («En Ford à travers la Suisse» du Zougois Thomas Hürlimann). Toute tentative d'énoncer les critères qui permettraient de reconnaître une «littérature suisse» univoque s’avère cependant vaine, tant ces récits offrent de diversité. Ainsi, les uns s’inscrivent résolument dans les paysages et les lieux du canton concerné, comme ceux d’Alberto Nessi dans les vallées tessinoises, ou du Grison Leo Tuor du côté de Maloja. Ce principe de l’insertion du texte dans l’espace cantonal était à vrai dire l’un des critères de choix, qu’il s’avéra impossible de respecter à chaque fois. D’autres récits s’ouvrent sur le voyage, l’émigration, les pays étrangers: en témoigne la belle évocation d’Odessa, la ville du «Cuirassé Potemkine» et du grand poète juif Isaac Babel, fusillé en 1940, par la Schwytzoise Gertrud Leutenegger. En bref, ce recueil (dont les textes alémaniques ont été excellemment traduits par François Conod) offre un bon kaléidoscope de la littérature, ou plutôt des littératures contemporaines dans notre pays.

PIERRE JEANNERET, Gauchebdo

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Et puis sans transition, on se lance dans Un voyage en Suisse. vingt-cinq récits de vingt-cinq écrivains de notre pays, sur vingt-cinq cantons… Il en manque un, non?

Non, non. En fait, le dernier, le Jura, y est, sous la plume d’ailleurs d’Alexandre Voisard, mais il manque parfois, c’est vrai, des demis-cantons, enfin, des écrivains par demi-canton, et puis alors, au contraire, il y a parfois deux écrivains pour un même canton, par exemple pour Zurich, on a Charles Lewinsky, l’auteur de Melnitz, qui a eu tant de succès, mais aussi tout dernièrement de Retour indésirable, et puis on a Ruth Schweikert, toujours pour Zurich, qui est très connue en Allemagne, et qui a été traduite aussi en France chez Métaillé… Pour le Tessin, on a Alberto Nessi, avec un texte magnifique intitulé «Je ne sais pas si j’étais heureux» et qui dit vraiment tout de son canton: les châtaignes, les chèvres, l’Eglise, les migrations, les différences ville/campagne. Et puis alors, pour Genève on a un texte d’Anne Cuneo sur le squat «Rhino», qui reflète très bien la réalité immobilière genevoise, son tissu urbain, les milieux alternatifs qui étaient assez solides il y a une quinzaine d’années maintenant. Et puis, par exemple, sur le canton de Vaud, il y a Chessex à propos de Payerne. Bref, c’est véritablement une carte littéraire de la Confédération…

Mais ces textes, si je comprends bien, Geneviève, ce ne sont pas des textes de commande?

Non, non. En fait, ce sont des extraits de livres des auteurs qui ont été choisis par l’éditeur Dirk Vaihinger, dont les Éditions Nagel & Kimche fêtent cette année leur vingt-cinq ans. Et pour certains de ces textes, ils ont été traduits par François Conod. L’éditeur revendique une forme de subjectivité, et en ces termes «Un système strict n’était ni possible ni souhaitable. Toute la démarche a aussi un caractère ludique et expérimental». Et il faut dire que c’est ce qui rend ce livre sympathique…

GENEVIÈVE BRIDEL
, Quartier Livres, RTS «La Première»

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Traduit de l’allemand, Un voyage en Suisse promène le lecteur dans la Confédération avec le regard de vingt-cinq auteurs suisses. Selon Bernard Campiche, éditeur de sa version française, «seule la durée peut aider à comprendre cette mosaïque culturelle qu’est la Suisse».
On cherchera en vain le chocolat,  le Cénovis, la montre Swatch ou la figure d’Heidi. Dans Un voyage en Suisse, le pays alpin échappe aux clichés et figures stéréotypées qui font sa réputation et en même temps occultent ce qu’il est réellement.
Afin de le découvrir dans sa réalité crue, il faut regarder le peuple vivre sous la plume de vingt-cinq auteurs suisses issus des différents cantons. Chaque écrivain a ses souvenirs propres, anecdotiques ou historiques, transmis au fil de ses récits.
Tous les textes réunis dans ce Voyage ont été extraits des œuvres de leurs auteurs et publiés pour la première fois après 1982. Ce qui ne signifie pas que les histoires racontées ont pour cadre notre époque uniquement. Elles peuvent remonter à des temps plus anciens.
Vingt-cinq écrivains donc. Pourquoi ce nombre? «Il faut dire que la Suisse est constituée de vingt-trois cantons, ou vingt-six avec les demi-cantons. Mais le chiffre vingt-cinq nous a paru le plus plausible. Nous avons estimé que le canton le plus peuplé, où se trouve la seule grande ville du pays (Zurich), devait être représenté par deux récits, et que le canton bilingue des Grisons devait l’être tant par un récit en rhéto-romanche que par un texte en allemand», explique dans une note d’intention Dirk Vaihinger, éditeur alémanique qui a publié Un voyage en Suisse (Die Schweizerreise), en 2008.

Repli sur soi contre ouverture

Traduit en français par François Conod, le livre paraît aujourd’hui aux Éditions Campiche. Quatre ans séparent les deux versions. Pourquoi autant de temps? «En raison des innombrables difficultés que m’ont posé les droits d’auteur et de traduction, confie Bernard Campiche. La version française diffère légèrement de l’allemande. Sur les vingt-cinq écrivains, trois sont morts entre-temps. J’ai dû donc les remplacer». Mais cela ne change en rien la géographie du livre.
Voici donc Appenzell, Argovie, Bâle, Berne, Genève, Fribourg… Les cantons se découvrent ici par ordre alphabétique. De chacun d’eux se dégage une atmosphère liée au paysage, aux habitudes, aux événements politiques, économiques ou sociaux du lieu. Ce qui frappe, c’est que les récits de cantons appartenant à la Suisse centrale donnent pour la plupart une vision intimiste du pays. A croire que la configuration géographique induit un repli sur soi !
Les Suisses que l’on voit vivre ici sont des paysans, des fermiers ou des gens ordinaires de petites villes, avec des problèmes de famille, de couple, de solitude ou d’argent. Ils «humanisent» l’Helvétie, gommant l’image d’un luxe inaccessible que le pays projette souvent. Leurs voyages se font à l’intérieur des terres et dévoilent des paysages d’une beauté inattendue où la neige, et le chalet qui va avec, sont heureusement absents.
Avec ses cantons frontaliers, l’Helvétie respire mieux. Elle devient une caisse de résonance qui renvoie un écho du monde. S’y croisent parfois la petite et la grande Histoire, comme à Soleure dont le profil est dressé par Peter Bichsel en ces mots bien drôles: «Les écrivains sont à Soleure, les cinéastes sont à Soleure, Napoléon y a été, et Casanova, et tous reviennent, et tous sont d’ici».


Parole d’éditeurs


À propos d’Un voyage en Suisse, son éditeur alémanique Dirk Vaihinger écrit :
«Les gens se sentent avant tout de leur région – l’habitant de l’Oberland zurichois aime se distinguer du Zurichois de la ville, celui de l’Entlebuch du Lucernois, celui de la Haute Engadine du citoyen de Coire. Mais quand un Bâlois, un Zurichois et un Grison se rencontrent, la chute de la blague qui s’ensuit est toujours constituée par l’esprit, le dialecte et le paysage du canton concerné. (…)
Un voyage en Suisse à travers la littérature, dans des récits choisis selon le lieu d’origine ou de résidence de leurs auteurs, donne une image de ces dissemblances internes (…); en outre il offre une mosaïque créatrice, une carte géographique narrative, un miroir de l’activité littéraire en Suisse».
 
Son éditeur francophone Bernard Campiche confie:
«Je publie depuis longtemps une auteure française, Sylviane Roche, qui vit aujourd’hui en Suisse. Elle m’a un jour raconté que lorsqu’elle a décidé de s’établir chez nous, elle croyait qu’elle se retrouverait en terre apprivoisée. Elle s’est vite aperçue que ce n’était pas le cas. Je veux dire par là que même pour une francophone, les cantons romands peuvent paraître étrangers. Il faut du temps pour comprendre la Suisse. Seule la durée peut vous y aider».

Le Tessin, théâtre des migrations

Le Tessin lui aussi fait l’objet de récits truculents. À la lecture de ce Voyage, il apparaît comme le théâtre de mouvements migratoires frénétiques. En témoigne «Je ne sais pas si j’étais heureux», texte du Tessinois Alberto Nessi, où s’entrechoquent, dans un mélange de souvenirs, la Suisse, l’Italie, la France et le Portugal.
On le voit, le choix des textes n’est pas innocent. Autre exemple, Genève. Dans un récit d’Anne Cuneo, la ville protestante, qui depuis Calvin a perdu une bonne dose de son austérité, est vue aujourd’hui à travers une enquête sur un crime, racontée par Anne Cuneo.

Une vision désuète

De nombreux auteurs ou voyageurs étrangers ayant parcouru la Suisse ont consigné dans leurs œuvres leurs impressions sur le pays. Réunies dans des ouvrages divers, ces impressions ont donné lieu ces dernières années à des titres comme Le Goût de la Suisse de Sandrine Fillipeti, ou encore Le Voyage en Suisse de Claude Reichler et Roland Ruffieux.
«Tous ces livres contiennent des textes qui datent pour la plupart du XVIIIe ou XIXe siècle, proteste Bernard Campiche. Ils reflètent une vision désuète et souvent erronée de la Suisse. Il faut avoir vécu trente ou quarante ans dans ce pays pour connaître la mosaïque culturelle qu’il forme. Les personnes qui y ont séjourné comme touristes ne peuvent pas le cerner de manière juste».

GHANIA ADAMO, swissinfo.ch

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Faites Un voyage en Suisse en vingt-cinq étapes littéraires!

Deux femmes nagent côte à côte. L’une, large comme une baleine, semble dans son élément. L’eau. L’autre, jeune et belle, se révèle à la peine. Le lecteur découvre qu’il s’agit de l’épouse et de la maîtresse présumée d’un homme dont il ignore tout. La première prépare le crime parfait…
Déroutante et complexe, la nouvelle ouvre le recueil intitulé Un voyage en Suisse. Pourquoi débuter par «La leçon de natation» de Helen Meier? Très simple. L’écrivaine est Appenzelloise. Appenzell commence avec un «A». Les vingt-cinq récits défilent dans l’ordre alphabétique des cantons. Comme ça, au moins, pas de jaloux! Restait le délicat problème des nationalités cantonales. Dirk Vaihinger, qui a conçu ce volume en 2008 pour les éditions Nagel Kimche de Zurich, a dû arbitrer. Comptent ainsi le lieu de naissance, mais aussi un domicile durable «à l’étranger». Il semble ainsi clair que Maurice Chappaz, né à Lausanne en 1916, était Valaisan.

Auteurs confirmés

Bernard Campiche donne aujourd’hui la version française de cette anthologie. Elle change du coup de sens. Il y a cette fois bien plus de traductions, et donc d’auteurs inconnus, parfois inédits dans notre langue. Le volume en devient plus exotique. Plus apéritif aussi. Il doit logiquement y avoir là davantage de noms à découvrir.
En cinq ans, le monde littéraire helvétique a par ailleurs changé. Il avait été admis en 2008 que les textes dateraient des vingt-cinq dernières années. Ils peuvent en avoir trente en 2013. Il semblait clair que leurs auteurs seraient vivants. Certains ont disparu depuis. C’est le cas de Chappaz, mais aussi de Jacques Chessex, d’Anne-Lise Grobéty ou d’Adelheid Duvanel. D’autres plumes ont émergé, même s’il semble clair que cet ouvrage assez officiel favorise les auteurs confirmés, voire vieillissants.

Un choix très sérieux

Est-ce le choix opéré par Vaihinger? L’ensemble apparaît très sérieux. C’est de la littérature littéraire. Les narrations se révèlent souvent compliquées. Plusieurs versions de la même histoire ou des retours en arrière dans un texte de dix pages troublent le lecteur. Des nouvelles comme «Cacahuètes» de la Zurichoise Ruth Schweikert ou «Le temps des lunules» du Glaronais Emil Zopfi exigent ainsi une lecture attentive, sinon plurielle. Ce n’est pas toujours le cas. «L’adieu aux abeilles» du Jurassien Alexandre Voisard ou «Oncle Ruedi et les sirènes» du Lucernois Erwin Koch émeuvent au contraire par leur simplicité.
Et Genève, me direz-Vous? Eh bien notre canton est représenté par Anne Cuneo, star Campiche, avec «Rhino, souvenir d’un squat disparu». Là le lecteur rentre comme il le faisait boulevard des Philosophes. De plain-pied.

ÉTIENNE DUMONT, Tribune de Genève

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25 récits de 25 cantons, par 25 écrivains différents, publiés au cours des 25 dernières années. Vingt-cinq bonnes raisons d’entreprendre un voyage littéraire à travers la Suisse et de sentir le parfum originaire de ces histoires ou d’aborder le domicile de leur auteur.

Un recueil qui restitue la topographie littéraire d’un pays où l’on aime raconter, où tant de voix se font entendre dans la diversité de ses quatre langues.

Un ouvrage de la Collection ch.


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